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 L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)

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Dea Girardet
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Message#Sujet: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeDim 8 Mar - 9:25

L'homme est un aveugle...

Dea ♠ Azelma


Ils doivent être fous d'inquiétude. Ou Ursus, du moins. La comédienne ne s'avance plus en ce qui concerne Gwynplaine. Elle ne sait plus quoi penser à son sujet. Si, elle sait quoi penser à son sujet, elle l'a toujours su, et ses sentiments demeureront à jamais indéfectibles, mais il est terrible et désagréable de constater que l'homme qui rit, lui, se laisse peu à peu absorber par la lumière de son succès nouveau, fasciner par la beauté de cette femme qui vient le voir tous les jours, et qui doit être sublime. Après leur dernier spectacle, il a de nouveau disparu, me laissant seule en coulisses, désoeuvrée. Je ne peux pas lutter contre le charme et la beauté, je ne sais pas ce que c'est. C'est une chose que Gwynplaine aimait en moi, je pense, aime toujours en moi, c'est possible. Parce que je ne juge que de la beauté qu'il y a en lui, pas ce qui se dégage de lui, et, me dit-il, m'effraierait, mon absence de regard m'en offre un autre... Mais visiblement, cette femme est d'une beauté fatale... Je ne suis pas juge de ma propre beauté... Nous nous sommes exemptés des apparences depuis si longtemps... Il se peut qu'elles nous rattrapent. En tous les cas, il s'est éclipsé j'ignore où, je ne vais pas l'attendre cette fois. La dernière a été si longue. À la place, je reste auprès d'Ursus, qui doit en avoir assez de me rassurer. J'aimerais qu'il lui parle plutôt que d'attendre que cela passe. Je pense qu'il ne le fera pas. C'est notre histoire et non la sienne, même s'il tient profondément à nous. Quand il va faire la quête pour récolter le fruit de notre travail, moi, je décide de m'en aller.

Il doit être fou d'inquiétude... Je ne lui a pas dit où elle allait... Mais je ne suis pas loin, de toute manière, notre chapiteau planté au jardin du Luxembourg, je me dis seulement qu'y faire quelques pas pourra m'être agréable. J'ai demandé plusieurs fois à Ursus et Gwynplaine de me le décrire. Le décor semble idyllique. J'ajoute à ce qu'ils m'ont appris mes propres sensations : l'odeur du printemps qui s'apprête à renaître, et qui se dégage des arbres et de l'herbe fraîchement coupé, l'écho des conversations perçues au hasard, le bruit délicat de l'eau d'une fontaine. Je souris avec douceur, j'aime cet endroit. Avec lenteur et calcul, je suis scrupuleusement le chemin principal sans m'en détourner, pour pouvoir retrouver ma route et les miens à tout moment. Distraite, j'entends le pas rapide de la personne qui arrive en face de moi, mais n'anticipe pas la collision. L'homme (je pense que c'est un homme, étant donné sa taille, et ce parfum distinct qui émane de lui) ne s'excuse pas et trace sa route, peut-être a-t-il agi intentionnellement. Ma cessité me donne les attraits de l'attaque facile. Je suis un défouloir, parfois. Il me bouscule et je tombe à la renverse. Je m'apprête à me redresser quand je sens une nouvelle présence à mes côtés. Je devine une main tendue que je parviens à attraper pour me relever.

-Merci.
Je remercie dans un souffle, sans deviner que je connais très bien la personne qui vient de m'aider.


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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeLun 16 Mar - 21:54



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Voilà une nouvelle journée de misère qui commençait, dans un éternel recommencement. Les jours et les nuits se ressemblaient toutes, ne laissant rien entrevoir d'autre à Azelma que la noirceur et la pauvreté de la rue. Pour autant, la jeune fille parvenait à s'extirper de sa paillasse chaque matin avec l'envie de passer une agréable journée. Sans cette volonté, après tout, à quoi servirait-il de s'accrocher à cette vie qui ne lui offrait rien. La jeune fille avait la chance de n'avoir jamais perdu la foi en ses rêves. Ce n'était pas donné à tout le monde. Il y avait tellement de gens autour d'elle qui avaient perdu foi en tout et qui se laissaient vivre sans courage ni ardeur jusqu'à ce que la mort les trouve. Elle ne pouvait pas les blâmer – elle n'en avait aucun droit de toute façon – cette vie était à peine vivable. Se réfugier dans ses rêves, croire que l'existence finirait bien par devenir meilleure, voir ce qu'il y avait de bon en toute chose, voilà la solution qu'avait trouvé Azelma dès son plus jeune âge pour ne pas se laisser battre par la misère. Elle n'était pas pour autant innocente, c'était impossible de l'être quand on vivait dans la rue. Elle parvenait juste à s'extirper suffisamment de la réalité pour la trouver suffisamment supportable.

Elle s'était donc levée passablement de bonne humeur ce matin là et avait décidé d'aller errer dans les rues alentours – puisqu'apparemment ses parents n'avaient pas prévu de l'envoyer dans la moindre mission foireuse aujourd'hui – histoire de voir s'il serait possible de trouver quelques petites pièces ou, mieux encore, quelques petites choses à se mettre sous la dent. Enfin, trouver était un bien grand mot mais, comme dit un peu plus tôt, Azelma n'était pas l'innocence incarnée et ce qu'elle souhaitait avoir, elle le prenait sans concession – sans se mettre trop en danger cependant. Elle s'attelait donc à fouiller tranquillement les poches des passants à la recherche de quelques trésors. Elle s'attaquerait aux divers étals qui parsemaient les rues si elle ne trouvait pas tout de suite son bonheur. Le temps était bon et lui donner envie de flâner et de rêver encore plus que d'ordinaire. Après avoir récolté un succulent quignon de pain ainsi que de quoi s'acheter quelques pommes, elle finit par abandonner son programme premier pour se rendre dans l'un de ses lieux favoris de la ville lumière : le jardin du Luxembourg. En vérité, tous les jardins de la capitale française avait un attrait tout particulier à ses yeux, ils éveillaient l'esprit et le laissait vagabonder loin des dures réalités.

Mais les réalités étaient parfois plus solide que tous le reste et, alors qu'elle flânait en respirant l'air frais et le parfum des arbres, elle assista très clairement à la bousculade tout sauf délicate de l'une de ses camarades de la rue. Que faisait la jeune aveugle ici au juste ? Et toute seule de surcroît... Sans attendre, et parce qu'elle l'appréciait suffisamment pour cela, Azelma alla lui porter secours, lui tendant une main qu'elle ne pouvait voir mais dont elle sentit tout de même la présence.

- C'est ça, fuis donc de là sac à vin, lança t-elle à l'adresse du l'homme qui était déjà loin. Tu devrais pas t'balader toute seule et si loin comme ça Déa, ajouta t-elle en achevant de remettre la demoiselle sur ses deux pieds. Rien d'cassé ?

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMar 17 Mar - 17:46

L'homme est un aveugle...

Dea ♠ Azelma


Bousculée, malmenée, je n'ai pas tout de suite su déterminer à qui appartient la main qui vient tout juste de m'aider à me redresser. Les mains tendues sont si rares, j'aurais pu en deviner de la maîtresse l'identité. D'autant que d'autres signes sont là pour me mettre la puce à l'oreille. Je n'ai pas besoin d'attendre que l'on se présente de nouveau à moi pour reconnaître ceux que je connais déjà. Plusieurs signes me permettent de distinguer chaque individu l'un de l'autre. Chaque être humain, sans exception, possède par exemple une odeur bien à lui. Parfois, ce parfum naturel est sali par des artifices olfactifs, des aromes de fleurs ou des senteurs exotiques, mais quand ce n'est pas le cas, ce parfum est reconnaissable. Il y a le bruit, aussi. Chaque individu a sa propre démarche, et lorsque l'on s'avance vers moi, je peux éprouver ces sons distincts. Ça ne suffit pas toujours, bien sûr, et il peut m'arriver de me tromper. Mais cela suffit souvent, en tous cas. Là, mes sens ainsi que ma personne ont été heurtés tout d'un coup, et je n'étais plus capable d'organiser mes sensations. Je rencontre plus souvent ce problème, depuis que le succès de L'homme qui rit nous a mené jusqu'à Paris pour nous y produire. Je fais tout à coup face à un torrent de sensation, les bruits se multiplient par milliers, je découvre de nouvelles odeurs, de nouveaux sons, de nouvelles textures. C'est par moments grisant, presque ennivrant... Et à d'autres moments, cela me térrifie. J'ai peur de me perdre dans cette grande ville, et plus encore, j'ai peur que Gwynplaine s'y perde à tout jamais... Enfin, nous verrons bien.

Cette main est celle d'Azelma, et j'aurais dû le remarquer directement, mais il a fallu que j'entende le ton de sa voix, et reconnaisse le langage fleuri qu'elle emploie pour s'adresser à ceux qui m'ont bousculé. La rue lui a forgé le caractère, les parents de la demoiselle n'ont guère pu s'embarrasser de cette éducation qui sied à la noblesse, et parfois, je me dis que j'aurais aimé savoir parler comme elle. Ursus a toujours mit un point d'honneur à nous apprendre le français sous sa forme la plus pure, l'argot nous a toujours été formellement interdit. Pour se mêler à ceux que nous côtoyons au quotidien, le bien-parler n'est au final pas souvent utile, sauf lorsqu'il faut, bien sûr, que les sentences que nous formulons sur la scène ait ces accents de poésie qu'Ursus, talentueux qu'il est, maîtrise à la perfection. J'adresse à la jeune fille un sourire reconnaissant.

-Merci, Azelma. Je vais bien ne t'en fais pas. Je ne dois pas m'être trop éloigné, notre scène est juste derrière.
Je désigne de la main l'endroit d'où je viens sans véritablement savoir ce que je montre avant de tourner à nouveau la tête vers mon interlocutrice. Et toi, comment te portes-tu ? Que viens-tu faire ici ?

Nous nous croisons plus souvent, elle et moi, au détour de la fortune. Je me demande pour quelle raison, cette fois, elle s'est aventurée en ces lieux.


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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMar 31 Mar - 20:52



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Il existait beaucoup d'injustices qu'Azelma ne supportait pas, tout comme il en existait beaucoup d'autres dont elle était suffisamment coutumière à présent pour les avoir intégrés à son quotidien. Elle n'était pas du genre à se plaindre d'elle même, ce n'était pas comme ça qu'elle allait pouvoir se trouver à manger ou encore renvoyer dans les choux tout ceux qui avaient le malheur de se mettre en travers de son chemin. Elle agissait, rêvait, et croquait ce semblant de vie à pleine dents. Des problèmes, elle en avait toujours eu, et de toute sorte, et il n'y avait pas de raison pour cette vérité change d'un moment à un autre. Elle ne s'indignait donc pas des choses qui pouvaient lui arriver à elle, non, mais de celles qui arrivaient à certaines personnes autour d'elle. Il serait bien évidemment mentir que de dire que tout le monde était logé à la même enseigne à ce sujet dans son esprit puisqu'il y avait des tas de gens qu'elle ne considérait pas le moins du monde et des tas d'autres qui bénéficiait de sa part du contraire exact de la compassion. Mais Azelma n'était pas associable et il existait des individus qu'elle appréciait (plus ou moins) sincèrement et, certains autres, qu'elle ne connaissait pas mais dont les visages et les expressions lui plaisaient, qu'elle voulait défendre et aider quand le besoin se faisait sentir. Déa Girardet faisait partie des gens qu'elle appréciait – à quel stade, c'était encore un mystère – et c'était dont tout naturellement qu'elle lui était venue en aide à l'instant même.

En soit, Déa était une proie facile, c'était indéniable et elle ne niait pas avoir suivit l'exemple de sa sœur très souvent, profitant de l'infirmité de la jeune saltimbanque pour en tirer quelques profits. Pour autant, elle lui portait suffisamment d'affection pour ne pas la laisser mordre la poussière sans rien faire – pour ce qui était de l'homme qui l'avait bousculé sans même daigner lui adresser un mot d'excuse, elle lui en aurait volonté fait manger. Déa était une gentille fille, sans doute trop naïve – elle n'était pas née avec un grand avantage en même temps, ne pas voir le monde autour de soit revenait à ne vivre que selon son instinct et il n'y avait pas plus instable que ce dernier – mais gentille. Avec ce beau temps et cette journée déchargée de toute mission, Azelma n'avait pas envie de tirer avantage de quoi que ce soit, aussi se contenta t-elle de redresser la jeune femme sans arrière pensée. Il n'était pas encore trop tard pour profiter du soleil qui bientôt irait mourir pour laisser place à la pénombre – les journées étaient encore bien trop courtes – et, puisqu'elle appréciait la saltimbanque, elle ne voyait pas d'objection à avoir de la compagnie.

- D'accord. J'te pousserai jusque là bas après, dit-elle simplement après avoir regardé dans la direction où pointait son doigt. Elle se doutait bien qu'elle n'avait pas pu aller bien loin mais les distances ne devaient très certainement pas avoir la même importance pour une personne qui ne peut en avoir conscience visuellement. Azelma ne trouvait pas les escapades de la jeune femme très sérieuses, mais elle n'avait pas tellement son mot à dire après tout. Oh bah, jme porte, continua t-elle. C'était sa façon à elle de dire que ça allait aussi bien que sa vie le lui permettait. J'voulais profiter un peu d'la journée. Et toi, qu'est-ce qui t’amène ? demanda t-elle avant de lui prendre le bras et de la guider doucement vers un coin d'herbe. On s'assoit ? Pour sa part, elle avait déjà entamé le geste qui allait faire rencontrer son postérieur d'avec le sol.

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeJeu 2 Avr - 12:42

L'homme est un aveugle...

Dea ♠ Azelma


Pousser, hein ? Je souris à l'emploi de ce mot, d'autres auraient dit guider ou accompagner, mais Azelma a son franc-parler et sa manière de s'adresser aux autres bien à elle. Cette façon me plaît, même si je suis bien incapable d'avoir la même. Gwynplaine et moi avons eu beau vivre dans une misère parfois relative mais tout de même constante, notre parler n'en est pas l'exemple. Ursus est un homme lettré. Il nous a appris à parler de la manière dont il parle lui-même. Mais je trouve les usages d'Azelma charmants. Dans tous les cas, la jeune Jondrette n'a pas à me pousser jusqu'au lieu où nous nous sommes établis trop vite. Pour le moment, je préfère être un peu éloignée. Pas forcément seule, non, la compagnie de mon amie me ravit, mais pas avec ceux qui m'accompagnent quotidiennement dans la vie. Elle se porte bien. J'en suis contente même si je ne sais pas si son propos est totalement sincères. Sans être extrêmement proche de la jeune femme, j'ai beaucoup d'affection pour Azelma, alors son sort m'intéresse, et je n'apprécierais pas de découvrir qu'elle va mal pour une rason ou une autre. Enfin, bien sûr, il est toujours possible qu'elle mente, je sais qu'elle n'a pas une vie facile. Mais je veux croire qu'elle est sincère malgré tout. Elle a l'occasion de profiter de sa journée. Le seul fait qu'elle puisse profiter signifie bien que ça ne doit pas aller trop mal pour elle. Moi, ce qui m'amène... Je ne me trouve jamais quelque part par hasard, puisque je ne peux jamais m'éloigner de mon père et de mon frère d'adoption et qu'ils décident d'où l'on se trouve. Je réponds par conséquent de façon plutôt laconique.

-Nous sommes installés ici pour notre spectacle cette semaine. J'avais juste envie de m'éloigner un peu et de prendre l'air.
Même si la scène est elle aussi à l'air libre. Mais en ce moment, "prendre l'air", c'est s'éloigner un peu loin des nouvelles lubies de Gwynplaine.

J'approuve d'un signe de la tête quand elle m'offre de m'asseoir avec elle et l'accompagne alors qu'elle vient s'installer dans l'herbe avec moi. Voilà qui me convint. Je n'ai pas particulièrement envie de rejoindre ma troupe (qui est aussi ma famille), j'ai bien envie de me trouver en présence de quelqu'un qui soit extérieur à mes problèmes. L'occasion d'avoir de véritables amis en dehors du cercle restreint de ma famille est si rare en vérité.

-Que comptes-tu faire de ta journée, alors ?
Profiter est un bon contexte, et il me parle, c'est certain. Après, comment Azelma fait-elle profiter, c'est ce que j'attends de savoir, peut-être sera-t-elle de bon conseil pour moi, après tout ? Moi qui sait trop réfléchir sans cesse quand je devrais seulement me laisser porter. Je pourrais t'accompagner ? Je me hasarde ensuite à lui demander.

J'en connais deux qui ne seront sans doute pas d'accord, mais je n'ai pas envie de leur demander leur avis pour une fois. Cette journée pourrait bien devenir plus exceptionnelle que je ne l'imaginais au départ.



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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMar 21 Avr - 21:51



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Azelma n'avait jamais honte de ce qu'elle pouvait dire ou faire. Si les choses sortaient ainsi, c'est que c'était ainsi qu'elles devaient êtres. Sa vie était déjà bien assez compliquée comme ça pour qu'elle se pose trente six mille questions et cherche à améliorer sa façon d'être, cette dernière allant de toute façon à la perfection avec son quotidien. Elle était une fille de la rue et ne se l'était jamais caché, tout comme elle n'avait jamais prétendu être quelqu'un d'autres auprès de ceux qu'elle pouvait qualifier de proches – car en effet, lorsqu'elle était en mission pour ses parents, elle ne pouvait pas réellement en dire autant. Quand bien même elle éprouvait le besoin de s'évader dans ses rêves pour trouver cette vie de misère un peu plus supportable, elle acceptait ce qu'elle était. Pour autant, il fallait bien le dire, la façon dont Déa réussissait à manier la prose était très belle et lui donnait ce petit air chic qu'on ne collait pas bien souvent sur les gens de sa condition. L'aveugle n'était certes pas une fille de la rue, mais elle était saltimbanque et, en vérité, ce n'était qu'un mot de plus pour qualifier la même vermine : ceux qui peinent à vivre mais qui se maintiennent debout malgré tout. Déa avait donc cette classe qui se faisait rare dans les rues de Paris et qu'Azelma lui enviait parfois, ne serait-ce que pour impressionner de temps à autre son entourage en leur adressant quelques mots qui ne soient pas tout droit sortis des égouts. C'était sans doute l'une des principales différences que l'on pouvait trouver entre les gens qui avaient reçu une éducation et ceux qu'on s'était contenter de nourrir – et encore, c'était un bien grand mot concernant les Thénardier. Elle offrit à son interlocutrice un sourire à la fois attendri et toujours aussi impressionnée par la fluidité et la poésie de ses mots, tout en sachant très bien que ce dernier ne serait jamais reçu. Quand bien même le handicap de Déa était bien pratique la plupart du temps, les échanges visuels manquaient parfois à la donne.

- Toi t'aurais pas envie de faire une ptite pause dans le labeur dis donc ? demanda t-elle face au ton que la jeune femme avait employé. Une chose était sure, pas besoin de regards vifs pour cela, ce n'était apparemment pas tout à fait la joie dans la roulotte des Girardet. Ursus te laisserai si tu demandais non ?! ajouta t-elle tout en l'emmenant vers le coin d'herbe sur lequel elles allaient pouvoir s'asseoir.

Une fois ses fesses confortablement installées sur le gazon, elle fut bien obligée de quitter ce passable confort pour réfléchir à ce qu'elle allait bien pouvoir faire de sa journée. En vérité, elle n'y avait pas vraiment songé, se contentant de prendre le chemin d'un parc et de profiter de la tranquillité de ce dernier, mais elle n'allait très clairement pas passer la journée assise dans l'herbe à papoter, en effet. Elle qui avait plus tendance à avoir la bougeotte, c'était inconcevable. Mais alors quoi ? Aucune mission de programmée aujourd'hui. Elle n'allait tout de même pas embarquer Déa dans les bas quartiers remplis de saoulards...

- Hum... Aller où les odeurs de viandes, d'alcool et de danse me poussent j'imagine, répondit-elle en restant volontairement vague. Mais tu sais, j'suis pas sure que ce soit l'genre de choses et de lieux que t'aimerai, ajouta t-elle d'une voix légèrement interrogative. A vrai dire, l'idée de partager sa journée avec la jeune saltimbanque ne la dérangeait pas vraiment, mais il en allait tout de même quelque peu de la sûreté de cette dernière et, oui, c'était quelque chose qui importait un minimum à la cadette Thénardier.

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeJeu 23 Avr - 10:59

L'homme est un aveugle...

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Une pause dans le labeur... Je n'en demande pas tant... au fond, j'apprécie mon travail, qui au regard de certains ne mérite même pas d'être désigné en tant que tel... C'est plutôt d'une pause dans mon quotidien, que j'ai besoin. Pas trop longue, non, car très vite je le regretterais. Mais j'aimerais, pour une fois, modifier mes habitudes, changer mon quotidien, me soustraire à mes craintes... Il n'est aucun des voeux que j'ai tendance à formuler dernièrement qui ne puisse s'exaucer... Je dois supporter cela, et me contenter d'une trêves. Azelma a raison, si je demandais à Ursus, il satisferait à mes intentions. Mais je lui en demande déjà tant... Je ne veux pas entreprendre avec lui une autre de ces conversations qui pourrait alourdir les tensions. Tout ce que je souhaite, c'est un peu de douceur, un je ne sais quoi qui n'ait pas de rapports avec ce qui me préoccupe. Et Azelma, qui n'est pas concernée par mes problèmes, et qui de toute façon, en rencontre de bien plus terribles au quotidien , n'a pas besoin de savoir tout cela... Et parce qu'elle ne saura pas tout cela, elle sera plus à même de me changer très agréablement les idées. Si elle accepte du moins que je l'accompagne une partie de sa journée, pour faire un pied de nez à mes habitudes et parvenir à me vider l'esprit de cette manière. Encore faut-il, bien sûr, que la jeune fille des rues veuille bien de ma présence, et je ne suis pas certaine que ce soit le cas. Sans compter que je ne veux pas abuser de sa sympathie. J'attends de savoir son programme. Et de découvrir si je peux m'y intégrer, bien sûr.

Apparemment, Azelma n'a rien prévu de particulier, si ce n'est de se promener au gré de ses envies et de ses instincts. Chercher fête et nourriture où ils se trouvent. Je n'aime pas l'alcool. Je ne sais rien danser d'autre que ce qu'Ursus chorégraphie pour moi. Elle n'a sans doute pas tort, ces lieux ne sont sûrement pas faits pour moi. Mais ici, j'étouffe, je manque d'air. Je veux changer d'atmosphère, et quitte à changer d'atmosphère, autant le faire radicalement. Un temps, rien qu'un instant. Puis un retour à la normale. Et si jamais cela ne me plaît pas, qu'importe. L'on se nourrit aussi de ses moins bonnes expériences. J'ai confiance en Azelma, je sais qu'elle ne m'entraînerait jamais dans une situation qui puisse fondamentalement me nuire.

-J'ignore si je les aime puisque je n'y suis jamais allée.
Un sourire s'esquisse sur mon visage. Emmène-moi avec toi, Azelma, tu veux bien ? Et si je ne me sens pas à mon aise, eh bien... j'attendrais discrètement, je patienterais à l'écart jusqu'à ce que tu me ramènes. Et je ne me plaindrais de rien, c'est promis.

Je peux bien me risquer à un peu d'aventure, moi aussi, non ? Même s'il doit s'agir d'une minime escapade ou d'un simple bouleversement d'habitude. Tout ce qui peut et doit me rendre plus heureuse, au moins ponctuellement, au moins un instant, même fugace, jusqu'à ce que les tracas reprennent leur cours.


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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMar 12 Mai - 22:29



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Azelma ne savait pas trop quoi penser du fait d'amener Déa avec elle dans sa journée de vagabondage. D'une part, elle doutait vraiment que la saltimbanque puisse se sentir bien dans son élément à elle, à mille lieux de ce à quoi Ursus l'avait habitué, mais, en effet, l'on ne pouvait rien savoir tant qu'on avait pas tenter l'expérience. D'autre part, égoïstement, parce qu'elle n'avait pas particulièrement envie de se la traîner, pour dire les choses clairement. Bien sur, ça, elle ne comptait pas le lui dire. Elle appréciait sincèrement Déa et ne voulait pas blesser ses sentiments, mais cela ne voulait pas non plus dire qu'elle devait restreindre les siens et  c'était tout à fait cette pensée qui traversait son esprit en ce moment même. La jeune femme était aveugle, rien de nouveau, et quand bien même elle s'était habituée à ce handicap avec le temps et se débrouillait, plus ou moins bien, toute seule la majeure partie du temps, sur les rues pavés et glissantes, dans les ruelles légèrement malfamées et les tavernes improvisées, aux multiples obstacles, elle allait être un fardeau, rien de plus. On ne s'improvisait pas enfant de la rue, et ce encore moins lorsqu'il s'agissait de la grande capitale grouillante de pauvreté, de malfrats et de maladies.

Elle n'était pas contre faire une balade avec elle. Ignorer ses plans habituels et se contenter de profiter du temps correct de la journée aux côtés d'une personne appréciable ? Elle se sentait tout à fait capable de le faire. Ce serait même plutôt nouveau pour elle, ce qui pouvait être bien appréciable. Mais Déa, elle, semblait avoir soif de toute autre aventure et Azelma avait bien du mal à lui offrir un non clair et précis en guise de réponse. Cette aventure, la jeune fille la vivait depuis sa naissance, et c'était d'ailleurs bien stupide de l'appeler ainsi, quand bien même sa vie aurait en effet bel et bien pu être l'aventure d'une tragédie. Elle n'en voulait pas à Déa d'aspirer à connaître un peu mieux le monde dans lequelle elle vivait et enviait même presque ce handicap qui lui permettait de passer outre tout ce que les yeux pouvaient endurer à longueur de journée. Elle ne doutait pas que la comédienne soit conscience de cette triste vérité du peuple parisien, mais cette dernière se faisait d'autant plus crue lorsque notre esprit était capable d'en créer les images. Au delà du fait qu'elle serait un boulet pour elle si elle l'amenait avec elle, Azelma ne voulait pas lui infliger cela, pas à cette douce Déa au parlé rempli de fleurs. Cela ne ferait que la salir, cela ne servirait à rien.

- J'sais pas Déa... T'es sur que tu veux pas en jeter un mot à Ursus d'abord ? Elle laissa planer un silence, consciente que tourner ainsi autour du pot était presque pire que de donner sa réponse négative d'emblée. J'suis pas à l'aise avec l'idée, désolée... ajouta t-elle d'une voix légèrement peinée. Ce n'était ni un non catégorique comme elle l'avait à l'esprit, ni un je ne sais pas pour autant. Les excuses qu'elle avait placé à la fin de ses mots voulaient à peu près tout dire en vérité.




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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeJeu 21 Mai - 11:21

L'homme est un aveugle...
   

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En parler à Ursus, oui, bien sûr, il faudrait que je le fasse. Mais il y a une raison évidente qui fait que je n'en ai pas l'ombre d'une intention : si je viens lui demander son autorisation, je sais bien qu'il la refusera. Il me protège constamment... des autres et aussi de moi-même. S'il dit qu'il laissera toujours à ma disposition mon libre-arbitre, je ne suis pas convaincue qu'il accepte si aisément de me voir errer dans les lieux mal famés de Paris. Non, si j'accompagne Azelma, je ne dirais rien à Ursus. Ce n'est sans doute pas très malin... Surtout s'il doit m'arriver quelue chose, on ne sait jamais. J'ai confiance dans mon interlocutrice, mais elle ne peut pas forcément non plus me préserver de la vileinie de certains, celle dont on tente de me protéger avec tant de force et de vigueur que je regrette souvent d'être aveugle et de ne pas pouvoir la voir droit dans les yeux, affronter la menace. Dans tous les cas, je n'ai pas peur. Je suis curieuse, surtout. Intriguée. J'ai envie d'élargir mon horizon. Si Gwynplaine fait son chemin au-delà de notre cercle familial, pourquoi n'en ferais-je pas de même ?

De toute façon, il semble que mes intentions soient compromises. Deux "j'sais pas" en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ce n'est pas très engageant ou encourageant pour moi. Je comprend ça... Je suis... comment dire... encombrante. J'ai la chance qu'Ursus possède une patience d'ange avec moi... Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Il doit y avoir plus amusant que de jouer mes chiens d'aveugle, même Gwynplaine s'en est manifestement lassé... Je dois reconnaître être déçue... mais je ne peux reprocher sa réponse à Azelma. Elle est tout à fait normale, au fond, mais j'admet m'agacer de mon propre état. Si je n'étais pas à ce point diminuée, je n'aurais pas ce sentiment si tenace que tout m'échappe sans cesse, je pourrais prendre mon destin en main. Mais non, je me laisse baloter de situations en d'autres, et quand je veux décider de mon destin, on a tôt fait de me rappeler à ma... juste place.

-D'accord
, je répond dans un souffle proche du soupir. Je ne vais pas te retenir ou t'encombrer, alors, fais comme bon te semble.

Je ne veux pas sembler trop vexée. Je n'ai rien à reprocher à mon interlocutrice, après tout. Elle n'y est pour rien, elle... Elle est déjà bien gentille de m'accorder de son temps et de son attention, elle n'a pas à payer pour des états d'âme qui remontent à bien avant notre conversation. L'ennui, c'est que vexée, je le suis, et s'il y a bien quelqu'un en ce monde qui soit incapable de décemment dissimuler ses émotions, c'est bien moi. C'est vrai, je suis une comédienne, c'est mon métier, mais dans la vraie vie, je ne sais pas prétendre. Je ne veux pas non plus la culpabiliser pour qu'elle se sente mal, elle est libre de ses choix. Seulement, pour la première fois, avec autant d'intensité tout du moins, j'ai le sentiment que ma vie est une cage... Mon partenaire de cellule a prit la fuite. Et moi je ne serai jamais libre.

   

   

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMer 10 Juin - 23:31



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Contrairement à sa sœur, Azelma possédait beaucoup plus de scrupule lorsqu'il s'agissait de Déa. Des amis, quand bien même la rue lui donnait l'impression d'en avoir tout un tas, elle n'en avait en fait qu'un petit nombre et ne faisait, pour ces derniers, pas semblant de les porter dans son cœur. La jeune saltimbanque aveugle, aussi curieusement que cela puisse paraître aux vues de ses intentions envers elle au tout début de leur relation, en était assez rapidement devenue une. Son calme et sa façon de « voir » le monde avait le don de l'apaiser elle aussi, elle qui vivait au sein d'une agitation constante. En soit, Déa elle aussi était constamment entourée de chants, de cris et autres exclamations en tout genre, mais ce n'était pas comparable. Son agitation à elle ne faisait que nourrir le stress qu'elle avait toujours connu, ainsi qu'entraver, à la moindre occasion, ses rêveries. En vérité, Azelma aimait la jeune femme parce qu'elle lui laissait entrevoir une vie qu'elle aurait bien aimé faire sienne, une vie qui, justement, se reflétait en partie dans les songes qu'elle s'inventait de toute part et à longueur de temps. Enfin, qui était-elle au juste pour juger du bonheur de Déa ? Une seule chose était sure c'est que ses rêveries la menait souvent à comparer sa vie à celle des autres et qu'il était très rare qu'elle en vienne à la conclusion que la sienne n'était pas si mal finalement.

Mais qu'importe, la question n'était pas là pour l'heure et la jeune Thénardier s'en voulait d'avoir ainsi refuser d'emmener Déa avec elle. Elle avait pesé ses mots, vraiment – chose qu'elle n'était pas habituée à faire soit dit en passant – mais cela ne suffisait pas à supprimer le léger sentiment de culpabilité qui l'habitait. Par son refus, elle avait réduit son amie à son rang d'aveugle. C'était triste, certes, mais c'était la réalité. Une non-voyante dans les rues agités du pauvre Paris n'était déjà pas le moins du monde en sécurité – qui l'était en vérité ? - mais si en plus cette dernière n'était pas une habituée des lieux, il ne fallait pas payer cher pour sa peau... Et quand bien même Azelma était très débrouillarde et savait se défendre, elle était loin d'être certaine de pouvoir faire ce travail pour deux. C'était cette pensée qu'elle faisait tourner en boucle dans son esprit pour réduire un tant soit peu sa culpabilité. Car outre le fait qu'elle ne voulait en effet pas s'encombrer d'un poids lorsqu'elle vaquait à ses occupations, elle ne voulait pas non plus que les mauvais tours qu'elle avait décidé de laisser de côté – la majeure partie du temps tout du moins – avec elle ne lui soit joué par d'autres bien moins bien intentionnés qu'elle encore.

- J'dis pas que j't'emmenerai jamais avec moi hein, lança t-elle rapidement pour que la déception de Déa ne soit pas trop grande, mais sans y voir plus clair... enfin, j'veux dire, sans préparation avant, c'est non. Elle marqua un court temps de silence, attrapant une mèche de cheveux de son amie pour l'enrouler autour de son doigts. S'tu veux, j'peux t'faire un topo parlé pour l'début ? lui proposa t-elle d'un ton où l'on pouvait entendre le sourire qu'elle affichait. Que tu t'visualises un peu qwa. Elle ne voulait certes pas emmener la jeune aveugle dans les bas quartiers, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne voulait pas profiter, ici, un peu plus de sa compagnie.

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeLun 15 Juin - 9:27

L'homme est un aveugle...
   

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Je suis habituée à essuyer les refus plus ou moins polis, à entendre les réserves manifestes que provoquent inévitablement chez autrui ma nécessité. Azelma n'est pas la première à me rappeler à ce à quoi je me dois d'être réduite, une aveugle dépendante des autres, elle ne sera pas la dernière. C'est un fait qu'il faut bien que j'accepte et que j'assume, je suis diminuée. Bien sûr, je sais m'en sortir par moi-même sur bien des aspects, j'ai développé en conséquence ouïe et toucher, odorat même, mais je resterai à jamais dépendante quoi qu'il en soit. C'est là d'ailleurs ce qui fait la complexité de ma relation à Gwynplaine. Je me suis pleinement et entièrement reposée sur lui, mon pilier inébranlable, ou du moins pensais-je vraiment qu'il l'était, mais il ne l'est pas. Sans doute se sentait-il dépendant de moi tant qu'il s'imaginait que moi seule, moi l'aveugle, saurait tolérer son sourire forcé qu'il trouve odieux, mais que je me sais capable d'aimer quelque soit la nature de mon regard. À présent, il sait qu'il peut être accepté, admiré d'autres, il sait qu'il fascine... Comment rivaliser ? Je crois qu'Azelma m'en veut. Je n'ai pas vraiment dissimulé comme il se doit ma déception, il faut dire, mais je dois bien m'admettre lasse de ne pouvoir prétendre à ce que d'autres trouventnaturels, chaque danger dédoublé m'oblige à calculer mes pas avec une minutie habituelle mais épuisante. J'aimerais pouvoir faire comme tous, abandonner parfois la prudence et m'abandonner aux incertitudes de l'existence. Ce ne sera pas pour aujourd'hui.

Azelma tente de me rassurer, me dit qu'elle m'emmenera peut-être un jour. Pour tout dire, je n'y crois pas, mais pour ne pas la vexer, et qu'il serait finalement absurde que je lui reproche de vouloir me protéger, même si ce devient une attitude vis à vis de moi que je peine de plus en plus à tolérer, tant j'ai le sentiment que ma fragilité ne me donne aucune force de volonté et de décision, j'affiche un léger sourire, celui qui avait disparu quand il m'avait fallu essuyer le refus de mon interlocutrice. Je ne pense pas qu'une préparation, de quelque ordre que ce soit, changera le fait qu'elle me laisse ou non m'aventue avec elle... Elle espèrera sans doute que j'oublie sa proposition, pour que nous n'en parlions plus. C'est ce que je compte faire, non pas oublier, mais ne plus l'évoquer. Ce sera plus simple, sans doute. Pour tout le monde. Et pour moi aussi, certainement, même si cela me déplaît.

En compensation, elle me propose de me faire un "topo", un descriptif, dois-je imaginer, de ce qui aurait bien pu m'attendre. Cette suggestion élargit mon sourire, qui de la même manière se fait également plus sincère. J'apprécie ses efforts. Si je dois me contenter de cela. Je m'amuse également du verbe qu'elle utilise. "Me visualiser"... le fait est que, paupières ouvertes ou closes, il n'y a que des ombres pour défiler dans mon esprit, pas de formes ou de couleurs concrètes, rien de ce qui peut s'imprimer dans les rêves de ceux qui voient. Mes rêves sont en son et en odeur... mais je comprends où elle veut en venir, et son idée ne me déplaît pas. M'évader par la pensée où ses pas la mènent et ne veulent me mener... et pourquoi pas ?

-C'est d'accord.
Je l'approuve doucement, opinant légèrement du chef. Raconte-moi cet endroit.
   

   

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeSam 22 Aoû - 18:45



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

A toute situation scabreuse, Azelma savait la majeure partie du temps trouver une alternative pour qu'elle ne le soit plus. C'était sans doute l'une des premières leçons de vie qu'elle avait reçu. Faire face, trouver la faille, s'y insérer et gagner la partie. Elle n'irait pas jusqu'à dire que c'était tout le temps aisé et qu'elle n'avait jamais aucun scrupule à fonctionner de cette façon, mais elle devait bien avouer que c'était une capacité bien pratique la majeure partie du temps. Aujourd'hui encore, elle lui servait. Ce n'était pas une partie de plaisir de faire ainsi face à Déa et de lui refuser ce qu'elle avait demandé si gentillement, mais elle n'en avait pour autant aucun scrupule. Ne pas l'emmener avec elle dans la ville basse et sombre relevait certes d'un léger égoïsme, mais elle savait également que c'était pour le plus grand bien de la jeune aveugle, quand bien même cette dernière devait être bien fatiguée d'être ainsi surprotégée. C'est qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait et de ce que l'on pouvait trouver dans les bas quartiers. Personne de sensé ne souhaiterai y mettre volontairement les pieds sans y être né et y avoir grandi et sans y connaître ainsi tous les codes.

Elle ne savait pas vraiment si elle avait été sincère en lui disant que ne pas l'y emmener aujourd'hui ne voulait pas dire qu'elle ne l’emmènerait jamais, mais cela importait peu. Tout ce qu'elle pouvait voir à présent c'était que sa proposition de lui raconter un peu ce qu'elle ne voulait pas lui faire découvrir lui avait redonné le sourire et qu'un sourire de Déa lui donnait toujours et sans exception du baume au cœur. Elle sourit à son tour, quand bien même son interlocutrice ne pouvait pas réellement s'en rendre compte. Ainsi donc, leur rencontre dû au hasard n'avait pas à s'achever tout de suite et elle allait pouvoir vanter l'horreur et la beauté des égouts de Paris à celle qui jamais ne pourrait les voir mais n'en était pas pour autant immunisée. L'aveugle est une cible facile pour la misère. Qui ne voit pas ne peut se venger de l'inconnu.

- La première chose qu'il faut qu'tu saches Déa, c'est qu'cte ville recèle bien plus de misère qu'elle ne veut bien l'dire. Elle marqua une courte pause. Et c'est là où tu voudrais qu'j'temmène qu'tu la trouvera en masse. Ya rien de beau là bas qui pourrait être vu par celui qui n'y a pas vécu. C'est moche, c'est froid, c'est sombre, et ça pue la charogne. Elle arracha un brin d'herbe avant de continuer. Mais c'est chez moi, dit-elle un sourire dans la voix, et ça ça s'paye pas. Les gens rient, crient et s'battent pour passer l'temps. Ils se mettent autant de coups dans le nez que de vinasse dans le gosier. On peut pas dire qu'on est heureux d'not' vie, ça non, mais on est heureux d'vivre, et ça se sent. Elle marqua une nouvelle pause, reprenant un ton plus grave. J'ai beau y avoir grandi dans tout c'merdier, y s'passe pas un jour sans qu'je doive me défendre ou m'enfuir face à ceux qu'ont plus mangé depuis des s'maines ou qu'ont prit l'goût du peu d'argent dont ils ont vu la couleur. Elle remit une nouvelle mèche de cheveux de Déa en place. Un lieu pas fréquentable pour toi ni pour personne. On l'trouve beau que quand on y vit. Elle avait parlé vite et bien, sans se rendre compte que, peut-être, tout ce qu'elle venait de dire n'avait pas tellement de sens.



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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMer 16 Sep - 13:11

L'homme est un aveugle...
   

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Je sais que la vie m'a gatée de bien des bienfaits. On ne pouvait pourtant pas dire qu'elle ait commencé sous de meilleurs hospices, une mère morte, moi contre son sein, des yeux gelés, la neige. Je serais devenue poussière, puis neige, et je ne serai pas là. Oui, j'ai de la chance, dans mon quotidien, dans ma vie. J'ai la chance d'avoir une famille, une famille qui veille sur moi comme à la prunelle de mes yeux éteints, j'ai de la chance de vivre de ce qui nous plaît à tous, j'ai de la chance d'avoir une vie que l'on est susceptible d'apprécier. Et pourtant, du monde, je ne connais ni la richesse, ni l'oppulence, ni la joie. J'ai connu la faim qui vous serre l'estomac, je connais les toits précaires et même, j'ai assisté à quelques vicissitudes humaines que je décèle plus profondément chez autrui en voyant leur âme plutôt qu'en me fiant à leurs apparences. À l'inverse de Gwynplaine, que l'or attire comme le miel une mouche, mes ailes ne sont pas faites de cette matière-là. À entendre Azelma, je crois qu'elle pense que je ne sais rien de la vraie misère. Je pense pourtant que mon sort, à d'autres, semblerait suffisamment misérable pour être plaint. Non je ne me plains pas, oui, j'aime la vie telle qu'elle est. Oui, c'est certain, je suis d'un tempérament naïf. Mais je n'ignore pas pour autant ce qu'est la véritable beauté. Je sais ce qu'il y a dans les bas-fonds de Paname, j'en ai eu l'écho, et même, par instants, je l'ai traversé et vécu à travers le prisme réconfortant de la compagnie des deux hommes de ma vie. Mais je n'aime pas qu'on me pense candide au point de ne pas savoir ce que les rues peuvent avoir de plus sordides. Certes, je n'ai sans doute jamais fréquenté les lieux dont Azelma a l'habitude. C'est pour cela, que je lui ai demandé de tout me décrire.

Mais je veux qu'elle s'adresse à moi comme on présente à autrui un paysage nouveau, pas comme l'on apprend à un insecte que la vie peut être vécue à une autre échelle. Elle me décrit la fange en des termes répugnants, et les sensations sévères inondent mes oreilles et mes narines, Une texture moite au bout de mes doigts, des relents de moisissures infectes au creux de mon nez, un goût acre dans la bouche, les bruits de ce qui grouille au centre de la terre pour heurter mes tympans. Je la trouve contradictoire, au fond, Azelma, elle m'affirme que sa vie n'a rien de vivable, qu'aucun bonheur ne peut être vécu en ces lieux mais qu'ils sont heureux tout de même. Et moi, alors ? Pourquoi serais-je incapable de comprendre ce bonheur-ci si un bonheur est effectivement possible ? La joie dans la misère, j'en suis tout à fait capable. Je veux bien que le danger m'arrête, surtout à cause de ma diminution physique, de cette cessité dont je m'accomode, mais qui parfois, tout de même, m'incomode.  

-Où penses-tu que je vis, moi, Zelma ?
je me permets de lui répondre, souriant tout de même car je sais que son propos n'est jamais que le reflet d'une profonde et honnête bienveillance à mon égard, et elle me va droit au coeur, vraiment. J'ai fait un art de trouver beau ce qui est laid. j'ajoute, toujours le même sourire aux lèvres. Alors je te comprends.

Je comprends, oui, et je pense ne pas mentir en parlant de mon art comme on parle parfois se montrer d'une impétuosité et d'une présomption sans bornes. C'est un don qu'on m'a octroyé, je n'y suis pas pour grand chose. En glaçant mes prunelles, le destin m'a donné ce pouvoir-ci, de voir au-delà. Combien m'ont assuré que le sourire de Gwynplaine le rendait laid ? Pourtant, je gage qu'il n'y a pas homme plus beau dans toute la France.
   

   

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeMar 19 Jan - 22:35



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Quoiqu'elle puisse lui dire, Déa ne se démontait pas. Quand bien même la description qu'elle avait fait des bas quartiers de Paris était on ne peut plus lugubre, rien ne semblait arrêter l'envie de découverte de la jeune aveugle. En vérité, Azelma admirait cela. Beaucoup, en n'ayant pas la capacité  de voir, se seraient contenté du strict minimum, voir ne se serait même pas accroché à la vie. Dans le décor qu'elle venait de décrire à sa camarade, on ne vivait déjà pas bien longtemps avec tous ses membres et la capacité qui allait avec chacun de ses derniers, on ne pouvait donc pas blâmer ceux qui, nés ou devenus infirmes, s'avouait déjà vaincu par le poids accablant de cette vie de misère. Aux yeux de la fille Thénardier, Déa représentait la force tranquille. Toute personne la croisant au détour d'une rue, ou d'un coin de parc comme aujourd'hui, ne verrait en elle qu'une jeune fille fragile et facilement atteignable. Pour autant, quand bien même son infirmité ne lui donnait aucune longueur d'avance sue ces critères, elle surpassait cette dernière et se montrer aussi forte, et peut-être même plus lucide, que la majeure partie des misérables qui traînaient leurs lourdes pattes dans les rues malfamées de la capitale. Mais cette force n'était pas physique, elle était mental, et, malheureusement, il n'y avait rien de suffisant là dedans pour affronter la quotidien des bas quartier. C'était un très bon début, certes, mais ça restait insuffisant.

C'était pourtant cette force mental qu'Azelma admirait. A vrai dire, elle parvenait même plus ou moins à se projeter en elle. C'était sans doute ça qui avait poussé la jeune fille à ne pas complètement suivre sa grande sœur lorsqu'il s'agissait de profiter de l'infirmité de Déa pour tirer profit de cette dernière d'une quelconque manière que ce soit. La fille des rues avaient finalement bien des choses en commun avec la jeune saltimbanque, à commencer par cette capacité à voir la beauté ou tout du moins à s'en inventer une. Azelma n'était peut-être pas aveugle, mais elle se renfermait bien souvent dans ses rêveries, là où la crasse se transformait presque en or parfois. Elles avaient ce besoin d'insouciance en commun et c'était sans doute ça qui faisait d'elles des … amies ? A vrai dire, la fille Thénardier avait bien du mal à appréhender ce terme. Il fallait tellement se méfier de tout le monde tout le temps en ces temps sombres qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir eu le loisir de connaître l'existence de cette espèce humaine – hormis aux côtés de sa sœur, bien entendu. Mais il fallait croire que la façon dont elle agissait en ce moment même avec Déa relevait de ce sentiment amicale. Elle se rendait bien compte cependant que la protection dont elle faisait preuve ne plaisait pas totalement à son interlocutrice.

- C'est ben pour ça que j't'aime bien Déa, répondit-elle finalement aux mots de Déa. Elle esquissa un sourire, prenant un court temps pour réfléchir à la question qui lui avait été posée. Il fait ben chaud dans ton logis Déa, tu d'vrais apprécier ça plus que tu n'le fais déjà. C'est pas pour rien si j'suis si souvent à traîner dehors moi. Elle ne se plaignait pas. Ce n'était qu'une constatation de sa vie misérable. On s'y faisait à force. On n'est pas si différente toi et moi. Moi je rèves et toi t'inventes. On pourrait faire un ben beau Paris à nous deux !



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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeLun 29 Fév - 12:11

L'homme est un aveugle...

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Je me fais une raison et admets que mon interlocutrice ne me mènera pas dans ces lieux qu'elle me décrit hostiles et mal famés, et qui doivent l'être plus encore que je ne l'imagine. Cela vaut sans doute mieux pour moi, pour ma sécurité, et pour mon entourage qui se ferait un sang d'encre si je devais m'éclipser pour me rendre en ce genre d'endroits, mais je dois reconnaître ma curiosité insatisfaite. Elle est heureusement compensée par la grande bienveillance de mon interlocutrice. Je sais qu'elle ne songe que pour mon bien, et qu'il n'est pas de mal à ne pas voir du monde toute l'horreur. J'en connais déjà bien assez, en découvrirait forcément d'autres, je fais face à mes propres démons comme Zelma a les siens, il est plaisant seulement de se dire que des sentiments plus forts que tout cela, qui distancent de loin ce que le monde a de plus trivial, transcende le monde et nos existences, comme l'amitié que la jeune femme m'adresse, et que j'espère lui rendre de façon équivalente. Le sourire que dessinent mes lèvres est des plus sincère quand elle m'affirme qu'elle m'aime bien. Il est toujours plaisant de l'entendre, d'autant qu'il s'agit d'un sentiment partagé. J'ai également beaucoup d'affection pour Azelma. Et de l'admiration, également, elle supporte de la vie ses déboires les plus sévères avec un aplomb qui ne peut que forcer le respect. Peut-être est-ce pour cela que nous nous sommes bien trouvées, elle et moi. Elle a raison, nos tempéraments sont loin d'être les mêmes, mais nous ne sommes pour autant pas différentes l'une de l'autre, loin de là. Deux imaginaires que la vie nous a forcé à développer au-delà de ce que nous avions pu imaginer : Azelma parce qu'elle voit trop d'horreurs pour ne pas vouloir s'évader, transcender l'imperfection et la misère. Moi parce que je ne vois pas, justement, parce que je n'ai pas d'autres choix. Au fond, elle a bien plus de mérites que moi. Je ne dois ce don, s'il en est un, qu'à une condition qui m'a été imposée, l'imagination exacerbée qu'Azelma possède, c'est à elle seule qu'elle le doit. Et c'est une véritable force.

-J'apprécie ce que je possède, tu sais.
réponds-je simplement.

J'ignore s'il fait si chaud que cela, chez moi. L'air s'infiltre partout, où nous vivons, même si c'est certes mieux que de dormir dans la rue. J'ignore dans quelles conditions vivent Eponine, Azelma et leurs parents. Avoir des vêtements chauds et des couvertures épaisses est un avantage que je ne néglige pas pour autant. Comme rien d'autre. J'aime ma vie comme elle est. Contrairement à Gwynplaine, qui semble toujours souhaiter davantage, je me contente parfaitement de ce que nous possédons, même si cela peut paraître peu. En fait, je crois même que j'étais plus heureuse quand nous en possédions moins encore. Mais soit, je veillerai à respecter ce précieux conseil et à l'apprécier encore davantage.

-Tu as raison, on fait déjà un beau Paris, je crois.
Je souris doucement. Tu as l'âme d'une artiste, Zelma, tu devrais peut-être songer à en vivre.

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeDim 3 Avr - 23:27



L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin

Azelma appréciait que Déa n'insiste pas plus. Elle ne voulait certes pas lui faire de peine, mais elle avait bien assez de contraintes dans sa vie avec l'autorité quasi esclavagiste de ses parents et elle ne souhaitait pas être amenée à faire des choses dont elle n'avait pas l'envie dans les rares moments de temps libre qu'elle possédait. Elle comprenait les désirs que la jeune femme aveugle lui témoignait, mais ne souhaitait pas y répondre. Tout du moins, pas aujourd'hui. Le jour viendrait peut-être où elle se sentirait prête – et où elle la sentirait prête elle aussi, quand bien même Déa n'appréciait pas spécialement sa tendance à la surprotéger – à lui faire parcourir les bas fonds de la grande ville, mais le soleil de ce jour là ne s'était pas levé ce matin même. Alors la conversation à ce sujet était close et Azelma était bien contente de vaquer à d'autres préoccupations à présent. Avec une toute autre personne, la jeune femme des rues aurait très certainement opté pour la fuite, afin d'éviter le moindre conflit de naître – encore une fois, ce n'était pas le genre de choses auxquelles elle souhaitait faire face lorsqu'elle vaquait à ses propres occupations – mais elle savait pertinemment que ça n'en viendrait jamais à cela avec Déa. Elle était son ami et elle la savait parfaitement en mesure de comprendre son choix. Ce fut donc tout naturellement qu'elle accepta le changement de sujet qu'elle « imposa » à la conversation, quand bien même, en effet, cette dernière se plaçait dans une suite somme toute logique de leur débat précédent.  

- J'me doute bien, répondit-elle à la remarque de son interlocutrice quant au fait qu'elle savait apprécier ce qu'elle possédait ainsi que là où elle vivait. Et c'était tout à fait vrai, Azelma n'oserait jamais remettre ce point en question, sa remarque était uniquement sortie comme ceci, comme pour lui montrer encore plus qu'elle ne perdait rien aujourd'hui à ne pas se rendre là où elle même vivait chaque jour. T'as la sagesse d'une femme, ajouta t-elle dans une légère pichenette sur son nez.

Azelma admirait beaucoup Déa. Pour sa grâce innée, comme pour sa douceur et son caractère réfléchi. Elle ne pouvait pas elle même prétendre posséder de telles choses. Ursus avait fait un bien beau boulot, c'était certain. Toujours tranquillement assises dans le parc, elles se mirent cependant d'accord sur un point qu'elles avaient en commun : la capacité à rêver sa vie et à ne pas se laisser enfermée dans la fatalité que ces temps durs réservaient au peuple. Pour autant, la jeune fille des rues voyait en Déa quelqu'un d'encore plus optimiste qu'elle et la remarque qu'elle lui offrit lui confirma cette idée. Elle, devenir artiste ? Dans un autre Paris, peut-être.

- En vivre ? Dans notre Paris à nous, ce s'rait ben possible, mais ici, j'ai que l'droit d'y rêver tu sais, répondit-elle dans un sourire légèrement mélancolique. Elle ne cachait pas que cette idée était plaisante, mais elle avait tout de même su mettre certaines barrières à ses rêves, afin de ne pas se brûler les ailes en plein vol. Je te ramène Déa ? Le ciel s'transforme en charbon. La vérité c'est qu'en dehors du fait qu'en effet, de lourds nuages s'installaient bien sagement dans le ciel, Azelma préférait se mouvoir à présent que la perspective d'être artiste avait fait naître en elle des sentiments dont elle ne se sentait pas le droit de faire face.

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Message#Sujet: Re: L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma)   L'homme est un aveugle qui va dans le droit chemin (Azelma) I_icon_minitimeJeu 5 Mai - 10:51

L'homme est un aveugle...

Dea ♠ Azelma


Quand j'affirme à Azelma qu'elle a l'âme d'une artiste et qu'elle devrait songer à en vivre, je le pense très sincèrement, et j'y crois. Je sais que les faits sont bien moins simples que nos rêves et que nos espérances, bien sûr, mais je suis une éternelle optimiste, je ne veux jamais cesser de croire. Je crois, par exemple, à ce qui peut passer pour des causes entièrement perdues. Je veux croire que l'amour existe et qu'il triomphe, je veux croire que le bonheur est à la portée de chacun, et le don de ceux qui le méritent, et qui finissent par l'obtenir en temps et en heure. Je devrais peut-être me montrer plus terre à terre... Mais la vie m'a appris à espérer, après tout. J'ai cru que la neige gèlerait mon coeur après mes yeux, et pourtant, je suis toujours là, je suis toujours en vie, et je me suis trouvée une famille heureuse et aimante... dysfonctionnelle aussi, j'en conviens, mais où j'ai (jusqu'ici, trouvé mon équilibre)... Et je veux croire encore que les obstacles s'effondreront un jour et laisseront à l'amour sa place adéquate. Je sais ce qu'est la situation peu reluisante d'Azelma et de sa soeur, Éponine, mais leur père ne sera pas éternel, et elles, elles grandissent. J'ai beaucoup d'estime pour les jeunes Thénardier. Je suis intimement convaincue qu'elles sont toutes les deux capables des plus grandes choses. Elles sont seulement brimées, mais il ne leur faudrait pas grand-chose pour exprimer tout leur potentiel. Et si j'ai la sagesse d'une femme, comme elle le dit, alors c'est sans doute que j'ai raison, non ?

Zelma a bel et bien l'âme artistique. Peut-être n'en vivra-t-elle jamais, mais elle ne devrait pas si simplement balayer cette idée d'un revers de manche, comme si elle était condamnée à la fange qu'elle dit apprécier. Rêver est un droit, chercher à l'accomplir est sans doute un devoir, et après tout, ses parents ne seront pas éternels, un jour ou l'autre, il lui sera accordé, comme à tous, de voler de ses propres ailes. Mais je n'insiste pas. Zelma est débrouillarde, bien plus que moi, en réalité, ce n'est pas à moi de lui donner des conseils. L'inverse est sans doute plus vrai. Mais nos parcours sont bien trop différents pour qu'aucune de nous puisse se permettre d'abreuver l'autre de conseils, ou pis, de directives. En tous les cas, il est temps pour nos chemins, semble-t-il, de se séparer. Mes yeux ne peuvent voir le charbon du ciel, mais je ressens cette pesanteur dans l'air, je la crois sans mal. Et Ursus doit s'inquiéter de ne toujours pas me voir rentrer.

-Je te suis.
dis-je dans un sourire tout en agrippant doucement sa manche afin de me laisser raccompagner. Il est temps pour l'une comme pour l'autre de reprendre nos routes respectives, jusqu'à ce que nos chemins aient de nouveau le loisir de se croiser.

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