Une maison sans enfant est une tombe. [pv Cosette et Marius]

Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

Une maison sans enfant est une tombe.

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illenormand trépignait d'impatience, c'était aussi simple que ça. Lui qui avait tenu le lit si longtemps n'éprouvait plus le moindre signe de fatigue, et était convaincu de pouvoir tenir sur ses deux pieds, fermement ancrés dans le sol, tout le temps que durerait la réinstallation de Marius dans une maison qui, aux yeux de son grand-père, n'avait finalement jamais cessé de lui appartenir. Il avait le sentiment d'avoir retrouvé l'allant et l'énergie de ses vingt ans tandis qu'il s'activait à fournir à chacun toutes les recommandations nécessaires à chacun pour que sa demeure qu'il avait trouvé si vide soit prête à accueillir le couple de jeunes mariés qu'il avait décidé, avec grand plaisir, d'héberger. Il avait fait préparer leur chambre et comptait bien leur laisser toute une aile du domaine afin qu'ils puissent y vivre pleinement sans avoir le sentiment de l'envahir. De toute façon, c'était bien simple, Gillenormand avait l'intention de se faire tout petit. Cette espace était destiné à prendre vie, et ce n'était pas lui qui avait ce pouvoir mais bien la jeunesse qui allait pouvoir s'y déployer. Car Marius devait arriver d'un instant à l'autre dorénavant, et le jeune homme serait accompagné de sa jeune épouse, la fameuse Cosette que Gillenormand mourait d'impatience de rencontrer enfin.

C'est vrai, il était peiné, et quelque part assez déçu, de ne pas avoir été convié aux noces du jeune couple (mais de ce qu'il avait compris, personne ne l'avait été en fin de compte), oui, il aurait voulu que la réconciliation avec Marius soit totale et que leurs divergences politiques ne fassent plus jamais débat entre eux (qu'il n'y ait plus jamais de divergences politiques tout court, en fait), mais il savait que c'était trop demandé. Il le comprenait et il l'acceptait... Il caresserait toujours l'espoir de convertir son petit-fils, qu'il avait élevé comme un fils, à ses idées, mais en attendant, il se contenterait très bien de sa présence. Enfin, il y allait avoir de la vie ici (et encore plus si le jeune couple décidait d'agrandir la famille... et Gillenormand espérait bien que ce serait le cas), entre ces murs qui, faute d'être occupés de jeunesse, se révélaient vieillissants. Et quelle hâte il avait de rencontrer enfin la fameuse Cosette ! Il était convaincu de l'adorer. Marius en parlait avec tant d'emphase et d'amour qu'il était impossible qu'il ne l'aime pas à son tour ans tous les cas. Le jeune homme était d'ailleurs allé la chercher, et ils devaient arriver d'un instant à l'autre. En effet ils finirent par se présenter à sa porte. Gillenormand sourit en découvrant le jeune couple. Cosette était absolument ravissante.

-Enfin vous voilà ! dit-il sans cacher son enthousiasme. Cosette, je suis si heureux de te rencontrer enfin, ajouta-t-il en tournant le regard vers la jeune femme.

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Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Cosette se sentait à la fois anxieuse et impatiente. Sa vie changeait considérablement, et elle s'en réjouissait et s'en inquiétait en même temps. Elle pensait à son père, à l'angoisse qu'il devait ressentir, ne sachant pas où elle se trouvait, elle pensait à sa vie d'avant, à celle d'encore avant, et à maintenant, à tout ce qui l'attendait à tout ce qu'elle allait construire. Elle avait fait un premier pas en épousant Marius, c'en était un second de rencontrer son grand-père, pas seulement parce que c'était le premier de ses "proches" qu'il lui présentait officiellement, mais parce que la demeure où ils se rendaient à présent était aussi la demeure où ils allaient dorénavant vivre. Cosette apprivoisait ces changements avec un enthousiasme de petite fille et une culpabilité équivalente... que Marius savait estomper malgré tout. Quand il était avec elle, quand son regard la couvait avec tendresse, elle oubliait d'angoisser pour se contenter d'aimer. Chaque pas qu'elle faisait maintenant s'inscrivait dans ceux de l'homme dont elle avait pris le nom, et c'était une perspective grisante. Maintenant, elle devait se montrer à la hauteur de ses attentes et de sa nouvelle vie.

Le grand-père de Marius leur ouvrit et Cosette se sentit rassurée en voyant l'immense sourire qui étirait ses lèvres. Elle avait eu peur de se retrouver face à un homme austère et méprisant, qui aurait jugé d'un mauvais oeil cette épouse sortie de nulle part que son petit-fils avait choisi de prendre pour femme sans le consulte. Mais non, cet homme semblait avoir sincèrement attendu de la rencontrer, et sa jovialité faisait chaud au coeur. Elle avait craint d'être une intruse, voilà qu'elle était accueillie à bras ouverts. C'était un vrai bonheur à constater.

"Tout le plaisir est pour moi", répondit Cosette dans un sourire en inclinant légèrement la tête en signe de respect. "Marius m'a tant parlé de vous, j'étais impatiente de vous rencontrer."

Cosette exagérait un peu ce dernier point. D'autant que si son époux avait pu lui parler de son grand-père, ça n'avait pas toujours été en des termes élogieux. Elle savait qu'un conflit idéologique opposait ces deux hommes et que c'était à contrecoeur que Marius s'était résigné à lui demander de les héberger. Cela n'avait pas aidé à calmer son appréhension d'ailleurs. Mais celle-ci s'estompait totalement, maintenant.

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Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

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C’était évident que si Marius avait eu d’autres choix – s’il avait eu les moyens d’offrir à Cosette un endroit où vivre dignement – ils ne se retrouveraient pas à bientôt de rendre chez Luc Esprit Gillenormand. Non pas que Marius n’appréciait pas le fait que son grand-père ait accepté de les héberger, bien au contraire il avait craint qu’il n’accepte pas justement, mais disons qu’il aurait aimé pouvoir s’en sortir seul. Sauf que ce n’était pas envisageable, l’argent que Marius parvenait à gagner suffisait à peine pour lui-même. Et il était évident qu’il n’avait pas pu faire venir sa toute jeune épouse dans l’appartement qu’il habitait jusqu’à présent. Donc oui, ils allaient vivre chez son grand-père parce qu’ils n’avaient pas le choix. Et maintenant, Marius était sur le point de présenter sa tendre Cosette à son grand-père.

Mine de rien, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu anxieux quand même. Il n’y avait aucune raison que Luc Esprit Gillenormand n’apprécie pas son épouse, Cosette était parfaite et tout le monde ne pouvait que l’adorer. Cependant, c’était quand même un sacré cap que le jeune homme était en train de passer. Un cap qu’il aurait dû vivre avant son mariage avec la jeune femme, dans l’ordre des choses, mais les événements ne s’étaient pas passés comme prévus. Donc, oui, Cosette était déjà son épouse et ce n’était que maintenant que son grand-père allait la rencontrer. Marius espérait que l’homme ne lui ferait pas de reproche devant sa jeune épouse. Même s’il avait semblé heureux à l’idée de la rencontrer quand même, Marius ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu sur ses gardes. Mais bon, dans tous les cas, ils ne pouvaient plus reculer maintenant. Ils étaient devant la maison qu’il avait habité pendant des années avant de décider de partir sur un coup de tête en découvrant la vérité, et son grand-père leur ouvrit la porte.

Le jeune homme apprécia de voir le sourire sur le visage de son grand-père. Il avait le sentiment qu’il ne l’avait pas vu sourire comme ça depuis… eh bien, en fait depuis toujours. L’homme affirma qu’il était heureux de rencontrer sa jeune épouse et celle… parfaite comme elle l’était toujours affirma qu’il lui avait beaucoup parlé de son grand-père et qu’elle avait hâte de le rencontrer. Si Marius avait parlé de son grand-père à Cosette, il ne l’avait pas fait tant que ça au final et ce n’était pas toujours en de très bon terme. Mais Cosette ne laissait rien paraître.

« Je suis ravie que vous puissiez enfin rencontrer Madame la baronne Pontmercy, mon père. »

Bon, d’accord, il n’avait clairement pas besoin d’appeler son épouse comme cela, un simple Cosette suffisait, mais c’était tout de même son nom officiel à présent, puisque lui-même était baron de son père, baron lui-même, sans que son grand-père n’ait pris la peine de lui dire. Ce n’était pas forcément utile ce genre de petite pique, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Quand bien même, il avait tout de même appeler son grand-père, mon père, comme il l’avait si souvent fait dans le passé.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

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E

n plus d'être tout à fait charmante d'apparence, la jolie Cosette se révélait d'une politesse et d'une amabilité qui devaient faire d'office d'elle la belle-fille idéale. Mais il n'avait pas eu besoin de cela pour en être sûr. Pourtant, il aurait pu nourrir quelques soupçons à l'égard de Marius, au regard de ses fréquentations... mais quand il avait évoqué pour la première fois la femme qui faisait battre son coeur (et qu'il avait épousée sans l'avertir), il avait su, il avait senti au fond de lui, qu'il l'aimerait. Il l'aimerait parce qu'elle rendait Marius heureux, et aussi, plus égoïstement, parce qu'elle le rapprochait un peu de ce dernier, au point même qu'il consente à venir vivre sous son toit à nouveau. Oui, la jeune Cosette était tout à fait charmante. Dans sa tenue autant que dans ses manières. Quand elle affirma que Marius lui avait parlé de lui, Gillenormand avait la faiblesse de vouloir le croire. En bien ou en mal ? Cela n'importait presque pas, au final... Tout ce qui comptait, c'était que sa personne n'ait pas été totalement effacée dans la mémoire et dans le coeur de celui qu'il n'avait jamais cessé de considérer comme son fils, quoi qu'il ait pu dire ou prétendre. Il allait s'épargner toute précision, néanmoins, de crainte qu'elles ne le blessent inutilement. Il préférait se contenter de ce qu'il entendait pour l'heure, d'autant que Cosette n'affichait véritablement aucune hostilité à son adresse. Non, rien d'autre que de la gentillesse et de la bienveillance : Marius l'avait définitivement très, très bien choisie. Et Gillenormand se disait d'ailleurs qu'elle saurait avoir la meilleure des influences sur lui.

Gillenormand avait le sentiment que rien ne saurait faire disparaître le sourire qu'il avait sur les lèvres, mais il fut tout de même vite détrompé par les propos de Marius qui, en quelques mots, sut éteindre certains de ses espoirs. En associant à Cosette les titres dont elle écopait à présent... il rappelait l'attachement que Marius gardait à son père, ce père qui avait créé une facture visiblement irréversible entre eux. Le coeur de Gillenormand se serra. Il avait eu tort de croire que le retour de Marius mettrait fin à sa rancoeur envers lui. Il le détesterait sans doute toujours un peu. Et sans le confort qu'il pouvait accorder au jeune couple, jamais il ne se serait adressé à lui pour commencer. Il y avait bien ce "mon père" qu'il avait été si fier d'entendre avant... mais même ce terme semblait prendre une tonalité un peu amère.

-Eh bien... vous permettrez que je vous appelle Cosette, n'est-ce pas ? demanda-t-il en retrouvant un peu de son sourire pour l'adresser à sa belle-fille. Permettez-moi de vous conduire à vos appartements. Vous n'en souperez que trop de la présence d'un vieillard comme moi.

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Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Les propos de Marius firent monter le rose aux joues de la jeune femme, se faire appeler au titre de baronne paraissait bien mal lui convenir. Elle ne voulait aucun de ces titres spécifiques, qui délivraient par trop la suspicion qu'elle ait pu ne choisir d'aimer Marius que pour sa naissance (même si son père lui avait toujours permis de mener une vie digne et bien au-delà de décence). Elle ne se voyait pas baronne, tout comme elle n'estimait pas Marius baron, mais elle savait pourquoi ces mots s'étaient échappés de la sorte des lèvres de son jeune époux. Ces mots ne tendaient pas à la valoriser, elle, mais à insister sur un contentieux ancien entre le grand-père et son petit-fils, dont Marius avait eu le loisir de lui apprendre les tenants et aboutissants (même s'il restait des faits d'importance sur son mari qu'elle ignorait) de cette histoire. Elle n'aimait pas ce sentiment, celui d'être prise malgré elle à parti dans un conflit familial qui ne lui appartenait que de loin, même s'ils appartenaient à présent tous à la même famille. Elle ne demandait qu'à plaire à cet homme qui les accueillait à bras grand ouverts, et elle n'aimait pas l'idée de le blesser, même si elle n'ignorait pas que son comportement, par le passé, avait été tout sauf irréprochable. Le fait que la jeune femme culpabilise de beaucoup d'avoir laissé son père derrière elle ajoutait par ailleurs à sa volonter de ne pas voir ces deux hommes qui s'aimaient en dépit de leur passif s'entredéchirer.

Passive, silencieuse, elle ne fit aucun commentaire. Elle sentait que le vieillard avait été heurté dans ses sentiments, et elle comptait bien lui rendre la faveur. Elle déposa un sourire sur ses lèvres, et hocha la tête quand il lui demanda s'il pouvait se contenter de l'appeler Cosette. Elle n'avait aucune intention de lui refuser cette faveur, et de toute manière, il n'était que de cette façon qu'elle appréciait qu'on l'appelle. Elle qui avait eu droit à tant de noms différents, comme une multitude de vies dans une seule.

"Au contraire, votre compagnie fait mon bonheur", répondit-elle pour rassurer le vieil homme. "Je répondrais plus favorablement à une tasse de thé qu'à un peu de repos, pour l'heure." Le thé était propice aux conversations, non ? "Du moins si cela vous convient... ?"

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

Marius avait parfaitement conscience que ses propos avaient touché son grand-père et il ne pouvait pas nier que c’était un peu le but. Même s’il se rendait chez lui dans le but de revivre en sa compagnie, afin de pouvoir vivre sereinement avec Cosette, l’homme n’avait pas l’intention d’oublier ce qu’il avait fait. Oh, il acceptait de nouveau de vivre en sa compagnie, de le considérer comme son grand-père, de l’appeler même « mon père ». Mais cela n’allait rien changer à ce qu’il était au final, il était un révolutionnaire, il était un baron de part son père. Il avait des contentieux avec son grand-père, et même s’il avait l’intention de les mettre de côté, il n’avait pas pour autant envie que l’homme puisse s’imaginer qu’il les oubliait complètement. Il ne pouvait pas oublier les mensonges de l’homme concernant son père, il ne pouvait pas oublier le fait qu’il n’avait pas pu connaître cet homme qu’il aurait aimé connaître à cause de celui qu’il avait sous les yeux. Mais en même temps, il savait bien qu’il ne pouvait pas non plus oublier le fait que son grand-père l’avait élevé comme s’il était son fils et surtout que maintenant, malgré la situation, il l’acceptait avec son épouse.

Epouse parfaite au demeurant d’ailleurs, sans que cela ne soit surprenant pour Cosette, bien au contraire. Son grand-père lui demanda s’il pouvait l’appeler Cosette, ce qui semblait évident. Et au lieu de se contenter d’accepter d’être conduite dans leurs appartements, elle proposa qu’ils boivent une tasse de thé. Marius savait bien que son caractère avait tendance à être un peu trop vif quand il était question de son grand-père, vis-à-vis de l’histoire qu’il avait conté à son épouse. Mais elle, elle temporisait les choses. Et Marius se rendait bien compte qu’il devait prendre sur lui un minimum pour ne pas complètement se laisser happer par sa rancœur envers son grand-père. Après tout, il avait la gentillesse de l’accueillir.

« Du thé sera très agréable. » Répondit-il en se tournant vers Cosette, lui adressant l’un de ces sourires qu’il n’adressait qu’à elle.

Cela ne l’aurait pas dérangeait en soit de se retrouver seul en compagnie de son épouse, qu’ils puissent se retrouver pleinement sans tierces personnes. Mais en même temps, Marius avait conscience qu’il ne pouvait pas non plus juste tourner le dos à son grand-père, surtout au vu de la situation. Comme il ne pouvait pas se permettre juste de se montrer désagréable avec l’homme non plus, alors il allait simplement prendre sur lui et partager cette tasse de thé en sa compagnie. Ça ne pouvait pas leur faire du mal en un sens et il était évident qu’ils avaient beaucoup de chose à se dire. Marius se doutait que son grand-père devait avoir énormément de question à poser à sa jeune épouse. Après tout, il la rencontrait à peine, alors qu’en réalité Marius aurait bien aimé pouvoir la lui présenter bien avant, dès l’instant où il avait su que Cosette était la femme de sa vie.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

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M

arius n'aurait clairement pas pu trouver épouse plus parfaite, c'était quasiment certain, et Gillenormand en éprouvait d'autant moins d'amertume à l'idée de n'avoir pu assister à leurs noces. Une femme comme elle, il fallait l'épouser avant qu'elle ne vous échappe. Elle était charmante, douce, polie, où Marius pouvait être parfois impétueux et vindicatif, quitte à se montrer blessant, Cosette apportait de la douceur, du calme, de la gentillesse... Le tout faisait qu'il se disait que sa présence sous son toit était sûrement la même chose qui pouvait lui arriver. Il ne voulait pas cantonner Cosette au rôle de médiatrice, bien sûr, mais il se disait que si Marius avait dû lui revenir seul et en désespoir de cause, ils auraient eu toutes les difficultés du monde à renouer le dialogue... Là, la conversation s'esquisser plus aisément.

Même s'il restait tout de même de nombreuses choses qu'ils ne se disaient pas. Entre celles qu'ils ne réussissaient pas à se dire malgré le fait qu'ils en avaient l'envie (du côté du grand-père, c'était une certitude du moins) et celles qu'ils devaient à tout prix éviter de se dire s'ils ne voulaient pas que la situation à terme, dégénère. Elle suggéra qu'ils s'installent tous autour d'une bonne tasse de thé, et Marius approuva cette proposition. Un sourire ravi éclaira le visage de Gillenormand. Il ne lui en fallait pas davantage pour se sentir heureux. Ou du moins si, que son petit-fils ne lui tienne définitivement plus la moindre rancoeur. Mais il avait bien compris qu'il n'était pas en droit de trop en demander.

-Je vais nous en faire préparer sur-le-champ, assura Gillenormand avec emphase.

Et en effet, il fit préparer un thé noir, agrémenté de quelques biscuits, tandis qu'ils s'installaient tous dans le salon afin de pouvoir converser à leur aise. Gillenormand n'attendit pas d'être servi et enfoncé dans son fauteuil pour reprendre la parole. Puisque la situation se révélait propice à la conversation, eh bien il voulait tout savoir. Il avait manqué tant de choses dans la vie de Marius. Il avait à coeur de se rattraper, c'était même de la plus grande importance à ses yeux.

-Alors, racontez-moi. Votre rencontre, votre mariage, je veux tout savoir.

C'était, pensait-il, un sujet de conversation dont il ne devrait pas accuser de retombées trop sévères. En tout cas il l'espérait.

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Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Cosette savait qu'il faudrait plus que sa douceur et l'affection que Marius lui portait pour apaiser pour de bon les tensions entre grand-père et petit-fils, mais la jeune femme avait bon espoir. Alors qu'elle découvrait Gillenormand pour la première fois, elle comprenait qu'elle avait sa place ici. Elle avait craint d'être de trop, maintenant, elle était convaincue d'être la médiatrice, l'intermédiaire nécessaire entre deux êtres qui tenaient l'un à l'autre et qui ne parvenaient plus à communiquer. Bien sûr, leurs contentieux étaient terribles, et encore, Cosette n'y comprenait pas tout, mais s'il était une chose qu'elle savait, c'est combien la famille était importante, qu'il s'agisse d'une famille de coeur ou d'une famille de sang. La jeune femme, à qui son père manquait constamment depuis qu'elle avait fui pour épouser Marius, ne pouvait qu'en avoir confiance. Marius avait la chance d'avoir son grand-père à ses côtés, enthousiasmé par leur relation, heureux de renouer peut-être avec celui qu'il avait élevé comme son fils, si elle avait dû quitter sa famille, c'était pour en trouver une autre, et là-dessus, elle se sentait capable d'intransigeance.

Première victoire, ils ne tardèrent pas à se retrouver tous trois autour d'une bonne tasse de thé. Depuis quand n'avaient-ils pas pris le temps de parler dans un contexte ainsi confortable, tous les deux ? Elle gageait que cela devait faire bien longtemps... Elle tentait, à son échelle, de réparer ce tort du mieux possible. Gillenormand se montrait curieux, intéressé par leur rencontre, leur mariage. Cosette avait bien envie de tout dire et partager, mais elle ne s'imaginait pas parler de tout. Parce que cette histoire était vraiment correllée à celle qui l'avait éloignée de son père. Il faudrait, notamment, parler de l'intention de ce dernier de la conduire outre-Manche, elle ne s'entendait pas dire ça. Elle décida d'en rester au début.

"Nous nous croisions souvent au jardin du Luxembourg et... c'était une évidence." Pour elle, du moins, dès le premier regard. Elle avait su que c'était lui, et que c'était avec lui qu'il voudrait partager sa vie. "Chacune de nos conversations n'a fait que le confirmer davantage."

Que dire de plus ? Bien d'autres choses, mais elle n'aurait su l'exprimer.

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

C’était bien parce que Cosette se trouvait en leur compagnie que Marius se montrait à ce point ouvert d’esprit vis-à-vis de son grand-père. Si son épouse n’avait pas été là, le jeune homme se serait sans doute braqué, mais le jeune homme décidait vraiment de prendre sur lui. Parce qu’il tenait à offrir à Cosette une vie qu’elle méritait, un endroit où vivre qu’elle méritait pleinement. Forcément, son grand-père apportait ce confort financier, il ne pouvait pas le nier. Ce n’était pas pour rien qu’ils se trouvaient ici, si son grand-père n’avait pas pu les aider financièrement, il y aurait quand même eu de forte chance qu’il ne prenne pas la décision de venir. Mais ils se trouvaient là, bel et bien là. Et Marius prenait sur lui, pour qu’ils puissent avoir une conversation normale autour de ces tasses de thé.

Son grand-père ne tarda pas avant de leur demander plus d’explication au sujet de leur histoire, comment ils s’étaient rencontrés, leur mariage, affirmant qu’il voulait tout savoir. L’homme semblait vraiment heureux pour eux et mine de rien, Marius ne pouvait pas nier que ça lui faisait du bien. Il ne savait pas exactement comment les choses allaient se passer dans le futur, surtout que Marius n’avait pas l’intention d’abandonner les Amis de l’A B C (mais il faudrait peut-être qu’il songe à en parler à Cosette également, surtout qu’ils avaient l’intention de se battre quand même), mais ce n’était pas encore l’heure de penser à tout cela au final. Autant qu’ils se concentrent sur le moment présent, ils verraient le reste plus tard.

Cosette fut la première à répondre aux questions de son grand-père, parlant du fait qu’ils se croisaient souvent au jardin du Luxembourg et que ça avait été une évidence. Oui, ça en avait été une (ou presque, Marius avait eu besoin d’un peu plus de temps, mais dès l’instant où il fut tombé sous le charme de Cosette, ses pensées n’avaient pas pu se détourner d’elle).

« C’était juste une évidence. » Confirma-t-il, en prenant la main de son épouse, son regard tendrement posé sur le visage de Cosette. « Je ne pouvais épouser personne d’autre, alors, puisque c’était si évident… » Et aussi parce que le père de Cosette avait eu envie de l’emmener en dehors du pays, ce qui avait un peu poussé le jeune homme à se précipiter dans sa demande. Mais en un sens, ils n’avaient pas forcément besoin de revenir sur ce point, que son grand-père n’avait pas besoin de connaître. Même si forcément, ça avait un rapport direct avec le fait qu’ils se soient mariés si précipitamment, sans que personne ne soit au courant, ou presque. « Il ne fallait pas que quoi que ce soit nous sépare. » Ajouta-t-il tout de même.

Sans entrer plus dans les détails, parce qu’il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Cosette devait devenir sa femme, elle était devenue sa femme, c’était aussi simple que cela.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

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illenormand ne pouvait qu'adresser au jeune couple un sourire attendri quand il les entendait parler de leur première rencontre. Quand ils parlaient de ce moments où leurs regards s'étaient croisés au jardin du Luxembourg, l'amour qu'ils se portaient l'un à l'autre était évident. Les deux tourtereaux étaient clairement amoureux, et donc, par la même occasion, heureux. Ah les élans du coeur qui incombent à la jeunesse ! Voilà bien longtemps que Gillenormand l'avait oublié et y avait renoncé, même, cela étant, il ne pourrait être plus ravi pour son petit-fils.

En dépit de leurs contentieux (ou peut-être d'autant plus à cause d'eux), Gillenormand ne demandait qu'à savoir le jeune homme épanoui, sûr de ses choix et de ses relations. La belle Cosette lui apportait, semble-t-il, tout ce dont il avait besoin. Un beau mariage, bientôt qui sait, une belle vie de famille, voilà qui saurait bien vite détourner le jeune homme de tous ses absurdes idéaux révolutionnaires et le rappeler à ce qui importait, de toute évidence, réellement. Il ne serait jamais heureux en luttant sans cesse contre un système qui de toute évidence lui survivrait ou en pleurant sans cesse un père qui ne méritait sans doute pas tant de larmes versées. Mais au bras de Cosette, la douce et charmante Cosette, il pourrait se façonner une vie à la hauteur de ce qu'il méritait. Tout en demeurant à la hauteur de ce qu'il désirait. Leur histoire était donc une évidence, une telle évidence qu'ils n'avaient tout simplement pas voulu passer à côté. Et Gillenormand ne le leur reprochait pas. Oui, il aurait voulu assister à ce mariage qui, de toute évidence, avait été impulsif, mais il restait heureux de voir le couple heureux. Il songeait que si, dans les derniers moments de sa vie, il pouvait avoir vu sourire son petit-fils, alors sa vie aurait valu d'être vécue de bout en bout.

Gillenormand s'étonnait de la formule employée par Marius alors qu'il assurait qu'ils devaient éviter que quoi que ce soit les sépare. Etait-il vraiment possible qu'il ait eu peur que cela arrive ? Mais qu'est-ce qui aurait pu l'empêcher ? Etait-ce une remarque à son adresse, avait-il craint que lui s'oppose à leur union. Il est vrai qu'il ne savait rien de Cosette, de sa naissance ou de son passé. Mais hé, pour tout dire, il s'en moquait. Il voyait juste qu'il rendait Marius heureux, il n'y avait que ça qui comptait. Il gardait ses questions pour plus tard. Il voyait bien que le lien qui se renouait doucement avec Marius restait fragile, alors il ne voulait pas prendre de risque inutile. Alors il concentra sa question sur autre chose.

-Et ce mariage, alors, comment était-ce ?

Il ne pouvait pas totalement taire sa curiosité non plus, il se posait beaucoup trop de questions, vraiment.

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Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

Une évidence, oui, c'était définitivement le mot qui convenait, et Cosette sentait son coeur cogner plus fort contre sa poitrine quand elle entendait Marius prononcer ce mot à son tour. Il n'y avait aucun doute pour eux. C'était quelque chose qu'ils ressentaient, quelque chose qui faisait partie d'eux, quelque chose qui ne les quitterait plus jamais dorénavant. Et c'était agréable d'avoir ce genre de certitude, Cosette n'en avait jamais éprouvé d'aussi puissante toute sa vie durant, et c'était vraiment... rassurant, apaisant. Il y avait tant de craintes, de zones d'ombre dans son existence. Mais tout ce qui concernait Marius était certain et, par conséquent, apaisant... Oui, une fois de plus, c'était évident, ni plus ni moins, évident. Rien que ça. Marius ne se serait vu épouser personne d'autre, Cosette ne se serait jamais imaginée aimer quiconque d'autre.

Elle baissa doucement les yeux quand Marius ajouta que rien ne devait les séparer. C'était pour cette raison qu'ils s'étaient mariés si précipitamment, même si les sentiments étaient bel et bien là. Elle ne pouvait que penser à son père, en cet instant. Elle voudrait qu'il puisse se joindre à cette réunion de famille, et plus encore qu'il puisse se réjouir pour elle... mais il n'était pas là. Et même si elle était heureuse d'être là. Mais elle le serait davantage si son père pouvait être à ses côtés. Malheureusement, elle ne décidait rien de tout cela, elle devait se contenter de faire avec.

En tout cas, elle ne voulait pas gâcher ce moment d'échange et de partage avec ses angoisses, heureusement, elle pouvait compter sur l'enthousiasme du grand-père pour lui faire oublier ses propres nuages noirs. Elle n'avait jamais vu homme plus attendrissant. Elle qui n'y entendait rien à la politique mais en savait bien davantage sur les sentiments se disait que sa présence sous ce toit pourrait peut-être rassembler ces deux êtres qui s'étaient perdus de vue. Il y avait encore beaucoup d'amour entre eux au-delà des rancoeurs et des déceptions, elle le voyait bien, et elle voulait participer à une réconciliation sincère et définitive.

"C'était... incroyable. C'était comme si nous étions hors du temps. Très intimiste, mais absolument parfait. Je n'ai eu que des certitudes, à chaque instant. Rien d'autre que des certitudes. J'aurais aimé que vous soyez présent."

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

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Marius avait encore un peu de mal à réaliser vraiment qu’il se trouvait bel et bien dans le salon de son ancienne maison, en compagnie de son grand-père et de sa jeune épouse… mais il se sentait plus heureux que jamais. Même s’il n’avait aucune envie de l’avouer, Marius ne pouvait pas nier que la présence de son grand-père le touchait quand même que peu. Il avait envie qu’il aime Cosette, il avait envie qu’il apprécie sa femme… même si rien ne pouvait changer vraiment leurs désaccords. Mais au moins, s’ils pouvaient s’entendre sur ce point…

Le jeune homme pouvait parfaitement accepter de faire des efforts en vivant chez son grand-père dans le but d’offrir une vie digne d’elle à Cosette, en prenant sur lui vis-à-vis de ses opinions politiques – même si rien ne changerait ce qu’il pense vraiment de la politique et qu’il ne se rangerait pas du côté de son royaliste de grand-père –, mais il fallait que Luc Esprit Gillenormand accepte et aime Cosette. Ça semblait être le cas, l’homme ne cachait pas sa curiosité et son enthousiasme alors qu’il leur demandait comment était leur mariage. Ce fut Cosette qui répondit, en affirmant que leur union était incroyable. Marius n’aurait pas pu utiliser d’autres mots, c’était parfait. Très intimiste, ça c’était la même chose… Marius ne pouvait pas contredire sa femme. Ils n’étaient que tous les eux, ils se trouvaient hors du temps, comme s’il n’existait plus rien dans le monde en dehors d’eux, de leurs regards se perdant l’un dans l’autre, de leurs voix s’acceptant devant le Seigneur, leurs mains jointes…

Marius se sentit plus fébrile cependant quand Cosette affirma qu’elle aurait aimé que son grand-père soit présent. Le jeune homme prenait sur lui, de son côté il ne pouvait pas nier que la présence de son grand-père ne lui avait pas manqué du tout mais… il aurait aimé que son père soit présent aussi, comme il aurait aimé que l’homme fasse partie de sa vie tout simplement. Au fond, ne pas participer à son mariage semblait être une « bonne » punition pour son grand-père, mais il était évident qu’il ne pouvait pas l’affirmer. Et il savait bien qu’il n’y avait pas que son grand-père non plus dans cette histoire. Leur mariage avait été parfait parce qu’il avait été intimiste, mais il aurait été tout aussi parfait s’ils avaient été entourés de leurs proches.

« Plus tard… quand il nous en sera possible, nous pourrions peut-être organiser une nouvelle cérémonie. » Pas maintenant, parce que Marius ne pouvait pas oublier son combat, parce que s’ils s’étaient mariés précipitamment c’était dans un but précis, pour que personne ne soit en mesure de les séparer, pour que le père de Cosette ne l’emmène pas loin de lui. « Une magnifique cérémonie en compagnie de tous nos proches. »

Et quand il disait ça, il pensait évidemment à Monsieur Fauchelevent, quand il acceptera pleinement leur union… si cela est possible.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

Une maison sans enfant est une tombe.

Il suffisait d'entendre parler Cosette de son mariage avec Marius pour constater combien la jeune femme était amoureuse de son époux, et il suffisait de voir les regards tendres et admiratifs que Marius adressaient à sa femme pour réaliser qu'il l'aimait profondément en retour. Ils étaient beau à voir, et la façon dont la jeune femme parlait de leur mariage était émouvante. Un moment hors du temps, où ils avaient uni leurs coeurs envers et contre tout, convaincus tous deux de la force de leurs sentiments.

Gillenormand esquissa un fin sourire, un peu triste il est vrai, quand Cosette affirma avec ce qui ressemblait à de la pure sincérité qu'elle aurait voulu qu'il soit présent. Quand elle le disait ainsi, il ne réussissait pas à douter ne serait-ce qu'un seul instant de sa parole. Oh, comme il aurait aimé être présent. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que de participer à ce moment, si important dans la vie de son petit-fils et de cette jeune femme qu'il trouvait décidément délicieuse, tout à fait capable de ramener Marius sur le droit chemin, un chemin qu'il pourrait emprunter sans risquer sa vie à tout moment au nom d'une cause inutile et perdue d'avance.

Gillenormand ressentit un élan d'espoir quand Marius affirma que dès que cela leur serait possible, ils pourraient toujours organiser une nouvelle cérémonie, ou du moins de nouvelles festivités (car on ne se mariait évidemment qu'une seule fois devant Dieu, du moins avec la même personne). Cette idée le réjouissait. Lui qui ressentait une certaine amertume à l'idée de ne pas avoir pu assister aux réjouissances qui avaient marqué le mariage des deux tourtereaux ne demandait qu'à ce qu'ils réitèrent sous le regard de tous leurs proches. Marius et Cosette méritaient un grand et beau mariage en blanc, avec les festivités qui allaient avec, une célébration à la hauteur de l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.

-Pourquoi faudrait-il attendre ? demanda-t-il alors sans doute un peu trop abruptement, mais plein de bonne volonté, emporté par l'élan d'enthousiasme qui le saisissait à cette perspective. Si c'est une question de moyen, je paierai, je paierai pour tout. Il n'y a aucun besoin d'attendre.

Il refusait même de supposer qu'autre chose que les finances puissent arrêter le jeune couple, et certainement pas les opinions politiques de Marius, dont il ne voulait pas entendre parler sous ce toit. Ici, il ne devait pas être question de gouvernement, de révolution ou de politique, il était question d'une famille qui renouait enfin. Et pour Marius et Cosette, Gillenormand était prêt à dépenser sans compter, quitte à s'endetter pour la peine (mais il était suffisamment fortuné pour que cela soit fort peu possible) au-delà du nécessaire. C'était sa manière de retenir son fils de coeur, aussi, sans doute, mais aussi et surtout de le rendre heureux.

Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Cosette afficha un sourire enchanté quand Marius suggéra d'organiser une nouvelle cérémonie, de nouvelles célébrations, pour fêter une fois encore leur amour, dans un cadre moins festif, cette fois. Ils ne s'étaient pas réellement concerté à ce sujet, mais elle le pensait aussi. Ils s'étaient mariés dans l'urgence, parce qu'il fallait à tout prix que Cosette échappe à son sort, qu'elle ait une raison manifeste et indéniable de ne pas quitter la France pour l'Angleterre. Cela n'avait rien changé à la magie du moment, ça ne changeait rien au fait qu'elle était folle amoureuse de lui, ça ne changeait rien au fait que ce moment devait advenir. Mais elle ne pouvait pas occulter pour autant ses regrets, elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Se marier en l'absence de son père avait teinté de gris un moment autrement magique. Mais elle avait envie de faire les choses bien, ne serait-ce que pour s'intégrer comme il se doit au sein de la famille de Marius.

De son côté, cela dit, il n'y aurait pas nombre d'invités à ajouter aux festivités. Il n'y en avait qu'un. Cosette n'avait pas d'amis, une famille très restreinte qui, en plus, était une famille de coeur. Mais son père était tout pour elle, l'ami, le père... jusqu'à Marius le confident. Il était le deuxième homme de sa vie, et elle avait besoin qu'il soit là. Est-ce qu'il serait là ? S'ils le retrouvaient et l'invitait aux festivités, se présenterait-il ou déclinerait-il l'invitation ? Il n'y avait sûrement qu'une manière de le savoir.

Quoi qu'il en soit, le grand-père de Marius paraissait sincèrement motivé par cette possibilité,sans doute pour pouvoir vivre ce moment dont il avait été privé. Plus les minutes passaient, plus elle le trouvait touchant. L'on sentait combien il aimait son petit-fils, et combien ce dernier lui avait manqué. Elle ne doutait pas des erreurs qu'il avait commises, notamment en déshéritant Marius, et elle comprenait la rancoeur que ce dernier lui tenait. Mais il avait envie de faire table rase, ça se voyait, et Cosette espérait que son mari accepterait cette proposition de paix.

"Il faudrait que mon père soit là", répondit-elle. "J'ai besoin qu'il soit présent", ajouta-t-elle, qui ne voyait que cette raison-là d'attendre, hermétique au combat qui préoccupait tant Marius.

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

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L'idée de fêter dignement son mariage avec Cosette lui plaisait évidemment, sinon le jeune homme ne l'aurait pas proposé. Le jeune homme avait bien envie d'offrir à son épouse la fête qu'elle méritait pour leur union. Mais forcément ce n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient faire dans l'immédiat. Quand Marius disait cela c'était dans l'optique de le faire plus tard, bel et bien en compagnie de leur famille et de leur proche. Enfin surtout de leurs figures paternelles. Parce que même si Marius avait encore énormément de reproche à faire à son grand père, il devait bien avouer que ça lui plairait de fêter tout cela avec lui et il savait à quel point Cosette était triste de l'absence de son père. Alors oui, il se disait que ça pouvait être bien, mais en même temps ce n'était pas quelque chose qu'ils allaient pouvoir faire dans l'immédiat. Parce que le jeune homme avait des responsabilités, il ne pouvait pas complètement oublier le fait que les amis de L'ABC comptaient sur lui, que la révolution comptait sur lui tout simplement.

Alors forcément quand son grand père commença à s'enthousiasmer un peu trop, affirmant qu'ils n'avaient pas besoin d'attendre et qu'il pouvait tout payer, Marius commença à se renfermer. Il pensait pouvoir tout acheter avec son argent, mais il ne se rendait pas compte de la réalité de la situation. Il ne pensait qu'à l'argent, à son petit confort. Marius avait envie de répliquer un tas de chose, mais il savait bien que ce n'était pas forcément le moment. Surtout que c'était lui qui avait lancé l'idée. Mais Cosette reprit la parole affirmant qu'il faudrait que son père soit là. Qu'elle avait besoin qu'il soit présent. Marius ne pouvait qu'approuver en effet, s'il proposait de fêter leur mariage en bonne et due forme c'était dans le but que Cosette puisse le faire auprès de son père.

« Nous parviendrons à le convaincre. » Répondit-il en serrant un peu plus la main de sa jeune épouse. Il ne savait pas comment ils allaient le faire, mais ils allaient devoir le faire. Marius était prêt à tout pour Cosette, tout pour la rendre heureuse. Il n'était pas sûr que monsieur Fauchelevent puisse être convaincu, mais en même temps il ne pouvait pas savoir s'ils n'essayaient pas. Maintenant la situation allait être plus simple maintenant que Cosette était sa femme et que son père ne pouvait pas l'emmener en Angleterre, qu'il ne pouvait plus les séparer. Ils allaient pouvoir donc pouvoir le voir, tenter de le convaincre, même si Marius espérait que ça n'allait pas être trop rapide non plus. Et que son grand père n'allait pas en faire toute une histoire en pressant les choses, en décidant tout pour eux. Même si ça partait d'une bonne volonté et que Marius ne pouvait pas nier avoir besoin de l'aide de son grand père, ça ne voulait pas dire qu'il avait envie de le voir de lancer sans la préparation d'une potentielle fête de mariage.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

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Quand Cosette observa qu'il faudrait que son père soit présent, le vieillard ressentit un fond de culpabilité à avoi voulu aller trop vite en besogne. Bien sûr, il n'avait pas voulu organiser cette petite sauterie dans la seconde non plus, mais il est vrai qu'il avait eu tendance à vouloir se précipiter, trop heureux de prendre part aux festivités, et de montrer sa bonne foi, son envie sincère de bénir cette union. Le vide qu'il avait ressenti au départ de Marius était à nouveau comblé, il ne voulait surtout pas gâcher cela. Il voulait le bonheur de Marius, et il voulait le bonheur de son épouse. Parce que tout était correllé, l'un n'allait pas sans l'autre.

Du bonheur de Cosette dépendait celui de Marius, et du bonheur de Marius dépendait celui de Gillenormand. Est-ce que quelqu'un dépendait de son bonheur à lui ? Peut-être pas, à la vérité, mais ça n'avait aucune forme de vérité acceptable. Il était trop vieux pour attendre après cela. Il voulait simplement que son fils soit heureux. et de toute évidence, Cosette le rendait vraiment heureux. Alors oui, il ferait selon leur désir, quoi qu'il advienne. Il était normal que la jeune femme veuille que son père soit présent, ce désir était légitime.

-Mais bien sûr que nous saurons le convaincre ! affirma Gillenormand.

Il n'avait aucun moyen de le prouver, c'est un fait, il ne connaissait pas cet homme et il avait compris que la situation était compliquée dans tous les cas. Mais l'amour pouvait triompher malgré tout. Il avait été opposé au mariage, peut-être, mais le mariage avait eu lieu et ne pouvait plus être annulé. A quoi bon se morfondre ? Cela ne servait absolument à rien. Peut-être que cet homme serait trop blessé pour entendre sa fille, ou encore son gendre... Mais Gillenormand pouvait l'accueillir sur un terrain parfaitement neutre. Et lui faire entendre raison. Tout ce qu'il lui fallait, c'était trouver cet homme et se trouver l'occasion d'un entretien qui permettrait de remettre les choses en place. La familledevait primer.

-Où puis-je le trouver, cet homme ? J'irai le trouver en personne, si vous le souhaitez. Il sourit. C'est votre fête, nous ferons tout comme vous le désirerez.

Les invités de leur choix, les musiciens de leur choix, la nourriture de leur choix, le moment de leur choix... Il en faisait peut-être trop, mais ça lui était égal. Marius était de retour, alors, si Marius était de retour. Le reste ne comptait pas le moins du monde. Il était prêt à déployer tous les moyens, à faire tous les efforts... A mettre des oeillères, également... Incapable d'admettre que rien n'était réparé, que la rancoeur dans l'esprit de Marius était encore beaucoup trop présente. Et n'était pas prête de disparaître, jamais, à aucun moment. Il ne voulait plus s'inquiéter de perdre Marius, seulement s'inquiéter de le garder.

Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Cosette adressa un tendre sourire à son époux quand ce dernier lui assura qu'ils réussiraient à convaincre son père d'être présent à ces festivités en passe d'être organisées. Elle l'espérait de tout coeur. Elle avait été une enfant bien ingrate, elle n'avait aucun mal à le reconnaître, mais elle aimait son père, elle l'avait toujours eu à ses côtés, et l'affection profonde de Marius ne compensait pas ce vide qui se créait en elle à la pensée de cet homme qui avait tant fait pour elle, et qu'elle avait abandonné. Certes, elle ne pensait pas avoir eu le choix. C'était le suivre et perdre son amour, et elle n'avait pas pu s'y résigner. Mais aujourd'hui, elle était mariée. Placé face au fait accompli, son père trouverait peut-être le coeur et l'indulgence de lui accorder son pardon ? Elle l'espérait en tout cas, elle en avait terriblement besoin.

Mais il ne suffisait pas de convaincre l'homme qui l'avait élevée, encore fallait-il le retrouver, et cela, c'était une autre affaire. Cosette avait le coeur serré à l'idée même de saper le bel enthousiasme du grand-père de Marius, pourtant il le faudrait. Elle avait conscience de tous les efforts qu'il faisait pour les rendre heureux, décidé à fournir tous les efforts possibles afin qu'ils se sentent au mieux, et surtout afin que Marius ne décide pas de repartir, mais il n'avait aucune idée de l'ampleur de la situation, de combien elle était complexe, de combien elle promettait d'être douloureuse, également.

"Je..." Elle éprouva comme un sentiment de vertige. On lui demandait à son père, et la vérité la saisissait à la gorge. Cette vérité douloureuse, c'est qu'elle n'en avait pas la moindre idée. Elle se rappelait la visite de cet inspecteur de police, Javert, elle se souvenait de leurs conversations houleuses, et son père qui la pressait de le suivre outre-Manche. Serait-il parti en Angleterre sans elle. La sachant mariée, l'aurait-il laissée et quitté Paris sans un adieu ? Il était peut-être loin, trop loin à présent. Hors d'atteinte. Ou bien les dangers qu'il avait cherché à fuir avaient fini par le rattraper ? Elle ne pouvait rien apprendre de cela à l'homme qui leur offrait un toit. "Je n'en sais rien..."

Et à cette pensée, les larmes lui montèrent aux yeux.

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

Marius ne pouvait que constater à quel point son grand-père faisait en sorte de les convaincre de bel et bien rester, qu’ils ne disparaissent jamais. Forcément, le jeune homme appréciait les efforts de son grand-père, même s’il n’avait pas non plus envie qu’il en fasse de trop. Comme alors qu’il affirmait qu’ils allaient réussir à convaincre le père de Cosette. Marius savait qu’il disait ça en le pensant certainement, mais il ne connaissait pas réellement l’histoire. Il ne pouvait pas affirmer aussi facilement qu’il allait convaincre l’homme, comme en soit Marius ne devrait sans doute pas le faire non plus, mais il allait en tout cas tout faire pour convaincre Monsieur Le Blanc.

Son grand-père demanda où il pouvait trouver cet homme, qu’il irait le trouver en personne. En un sens Marius se disait que peut-être que l’homme avait plus de chance de convaincre le père de Cosette que lui-même, mais encore une fois il n’avait aucune envie de voir ce dernier en faire trop. Même si ça ne partait que d’une bonne intention. Une bonne intention qui pouvait être réellement douloureuse, il suffisait de voir la réaction de Cosette. Marius se sentit mal de la voir mal, parce que c’était bel et bien le cas. Elle commença par un simple « je », s’arrêtant. Et quand elle poursuivit, les larmes lui montèrent aux yeux, ce qui avait le don de briser le cœur de Marius. Le jeune homme avait juste envie de rendre son épouse heureuse, c’était le désir le plus profond de sa vie (bon, il allait lui faire du mal, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il n’avait pas envie). Marius ne dit rien, avant de prendre son épouse dans ses bras, la serrant fort contre lui. Il n’avait aucune envie de la voir souffrir, de la voir pleurer. Même s’il pouvait comprendre et il allait tout faire pour qu’elle puisse être heureuse, qu’ils puissent se marier en présence de leur famille. En soit, Marius n’en avait pas tant besoin, surtout que son grand-père semblait juste heureux de l’avoir de nouveau chez lui, ça lui suffirait pleinement. Cela dit, en même temps, il semblait tant emballé par l’idée d’une cérémonie en grande pompe. Non, Marius n’en avait pas besoin, mais pour Cosette, il ferait n’importe quoi et il savait qu’elle avait besoin de son père.

« Je te promet, on le trouvera et il viendra. » Il ne pouvait pas vraiment se permettre de faire une telle promesse, mais Marius était sincère dans ses propos. Il pensait chaque mot qu’il disait, il allait tout faire dans le but de trouver cet homme, le faire venir à une nouvelle cérémonie.

Maintenant que ce dernier ne pouvait plus les séparer, Marius espérait que ça allait être plus simple. Mais au final, ça allait être plus facile que prévu, ce que Marius n’avait pas encore conscience.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

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Gillenormand n'avait pas réalisé combien il appuyait sur une corde sensible en évoquant le père de Cosette. Il ne connaissait rien, après tout, de cette jeune femme ou de son histoire. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle était charmante et qu'elle rendait Marius heureux, et il considérait que c'était suffisant en soi, mais si le bonheur de la jeune femme dépendait également de la présence de son père, il tenait à y remédier, par tous les moyens possibles. Ce qu'il n'avait pas anticipé, c'était la complexité de la situation. Il s'était imaginé que, les deux tourtereaux s'étant mariés dans le dos de tous, le père de la jeune femme n'avait pas été mis au courant non plus. Il s'était dit qu'il était peut-être en colère, une colère légitime, mais vite oubliée au profit de l'amour qu'il devait avoir pour sa fille, mais alors que la jeune femme lui répondait qu'elle n'avait pas la moindre idée d'où se trouvait cet homme, les larmes aux yeux, il comprit que quelque chose lui échappait, et que ce quelque chose était absolument terrible.

Marius prit les devants, promit à Marius qu'ils retrouveraient cet homme, et qu'il viendrait. Il était attendrissant de voir combien il prenait le plus grand soin de la jeune femme. Elle était la prunelle de ses yeux, il serait prêt à tout pour elle, et cela se voyait. Savoir que son petit-fils était aimé d'une jeune femme qu'il aimait tant en retour le comblait de bonheur. Il n'était pas éternel. Bientôt, il en était convaincu, il quitterait ce monde comme tant d'autres de son âge, mais il aurait connu ce bonheur-là, celui de voir Marius heureux et amoureux. Mais ce bonheur était encore entaché par l'absence de ce père qui devait, à tout prix revenir. La promesse de Marius, Gillenormand se sentait prêt à la formuler de la même manière, lui aussi. Tout pour que le jeune couple connaisse un bonheur amplement mérité.

-Bien sûr. Comment s'appelle-t-il ? J'ai de nombreuses relations, je pourrais sans doute les faire jouer afin de le retrouver. Il adressa à Cosette un sourire encourageant. Je suis absolument certain que tout espoir n'est pas perdu. Je vais déployer tous les moyens à ma disposition pour retrouver cet homme. Il sera là à votre mariage, n'ayez crainte.

Il n'avait besoin que d'un nom et d'un prénom. Est-ce que ce serait suffisant pour autant ? La chose était difficile à dire, en réalité. Mais à coeur vaillant rien n'est impossible, et cette situation lui communiquait un sentiment de vaillance qu'il n'avait, justement, pas éprouvé depuis bien longtemps, et qui était entièrement dévoué à la cause de son petit-fils et de sa si charmante épouse, qu'il n'avait pas la moindre envie de voir pleurer, surtout pas.

Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

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Cosette n’arrivait pas à retenir ses larmes, et rien ne sut lui faire plus de bien que l’étreinte de Marius, douce et bienvenue. Quand elle perdait pied, quand elle avait peur ou qu’elle avait des regrets, Marius, par sa douceur, son amour et sa présence, savait soulager son cœur un peu malmené. Elle ressentirait toujours cette espèce de vide, au fond d’elle, tant qu’elle serait loin de son père, tant qu’elle ne saurait pas s’il allait bien, s’il était en danger, en bonne santé, s’il lui en voulait… C’était dur à vivre pour elle… Et elle réussissait difficilement à le supporter. C’était un coup au cœur qui lui coupait presque le souffle. Mais l’étreinte de son époux calma le flot de ses larmes.

Elle fixa son regard quand Marius lui répondit qu’ils allaient trouver son père, et qu’il serait là. Elle l’espérait vraiment, vivement, de toutes les forces de son cœur. Mais c’était une promesse qu’il n’était pas si simple de tenir. Son père était insaisissable, un courant d’air. Autrefois, c’était leur chance, car ainsi, Cosette avait été préservée du malheur, et choyée seulement. Mais à présent. A présent, tout était plus compliqué… Mais Marius et son grand-père étaient si adorables, avec elle. Gillenormand lui promettait qu’il réussirait bel et bien à l’aider, et ça lui faisait le plus grand bien que de l’entendre. Après tout, qui sait s’ils ne seraient pas capables de tirer certaines ficelles qui à elle avaient été inaccessibles ? Peut-être, qui sait, que grâce à eux, elle retrouverait son père. Oh, comme elle l’espérait. Elle n’avait besoin que de le savoir présent auprès d’elle pour se sentir de nouveau complète.

« Ultime… Fauchelevent… », parvint-elle à articuler entre deux reniflements peu distingués. « Mais… » Elle hésita. Trouveraient-ils quoi que ce soit avec ce nom ? Possible que non. Il en avait peut-être changé, déjà. Disparu dans la nature. De l’autre côté de la Manche, peut-être, avec une identité toute neuve. Ou… une identité plus réelle ? Elle en savait si peu sur son père, tout compte fait ! « Jean Valjean, je crois que c’est son nom… Son nom d’avant. »

Ce nom que lui avait un jour appris l’inspecteur de police qui l’avait tant terrifiée en venant la trouver chez eux. Elle n’avait jamais osé interroger frontalement son père sur ce Jean Valjean, mais… c’était quelque part trop évident. Tous ces secrets, tous ces mystères. Quel genre d’homme était son père ? Et qu’est-ce que Marius et Gillenormand allaient penser de lui ? Allaient penser d’elle. Elle n’en savait rien. Elle voulait juste… le retrouver. Pouvoir même le revoir une dernière fois.

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

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Marius ne supportait pas de voir Cosette dans un tel état. Il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que cela était en parti de sa faute. Bien sûr, ils n’avaient pas forcément eu le choix, si Cosette n’avait pas fuit pour l’épouser, ils n’auraient pas pu être ensemble, ils se seraient quittés pour de bon et c’était tout simplement impensable. Mais en même temps, pour lui, elle avait quitté son père à qui elle tenait vraiment beaucoup. Marius avait beaucoup de chose à reprocher à son grand-père, il n’allait pas pouvoir taire entièrement ceux-ci et il était évident que l’homme sera sans doute incapable de le comprendre et d’accepter son combat, mais en cet instant précis Marius devait bien avouer qu’il lui était particulièrement reconnaissant.

L’homme ne se contentait pas seulement de les accepter sous son toit, malgré la situation et le fait que Marius avait quand même décidé de partir. Il était là et il soutenait son épouse, il affirmait qu’il avait juste besoin d’un nom pour réussir à trouver cet homme, qu’il allait mettre en marche ses relations pour le faire. Le pire, c’était qu’il savait que Gillenormand était parfaitement sérieux et qu’il pouvait effectivement y arriver. Et forcément, Marius ne pouvait que le remercier énormément pour tout ce qu’il faisait.

Cosette répondit à la question de son grand père, entre deux sanglots qui avaient le don de tordre son cœur. Il n’aimait pas la voir pleurer, lui voudrait qu’elle soit heureuse et joyeuse tout le reste de sa vie. Ultime Fauchelevent, le nom de son père, mais… Mais ? Marius fut étonné par la suite des paroles de son épouse, qui donna un tout autre nom Jean Valjean, affirmant qu’elle pensait que c’était son nom d’avant.

« Son nom d’avant ? » Marius ne devrait peut-être pas se montrer si curieux, mais il ne pouvait pas s’en empêcher.

En soit, est-ce que ça avait de l’importance que Ultime Fauchelevent s’appelait Jean Valjean ? Pas réellement, ce n’était pas très grave qu’un homme ait changé de nom, mais en même temps il y avait peut-être une raison spéciale, une raison particulière qui le poussait à être curieux. Est-ce que cela allait changer sa vision de Cosette ? Bien sûr que non, c’était impensable. Peu importait le nom de son père, la seule chose qui comptait c’était le fait de pouvoir le trouver afin qu’il vienne à leur re mariage, ce moment où ils allaient s’unir de nouveau dans le but de pouvoir fêter tout cela auprès de leur proche, en légalité. Parce que peu importait le nom du père de Cosette, la jeune femme s’appelait Cosette Pontmercy et c’était la seule chose qui comptait. Enfin, Cosette s’appelait techniquement Euphrasie, mais « Cosette » était quand même bien mieux, beaucoup mieux. Alors ça ne changerait rien à ses yeux, mais ça pouvait effectivement avoir de l’importance pour parvenir à le retrouver.

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Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

Une maison sans enfant est une tombe.

G

illenormand ne pouvait pas prétendre connaître le tout-Paris, ce serait mentir. Mais il avait néanmoins des relations, il connaissait du monde, bref, il était tout à fait capable de tirer ses quelques ficelles et de se renseigner afin de retrouver le père de sa future belle-fille. La demoiselle semblait bien éduquée et elle avait de toute évidence grandi sans manquer de rien, cela encourageait Gillenormand à penser que son père devait se trouver dans une position qui pouvait lui permettre de mettre la main sur lui, où qu'il puisse être allé. Un seul nom pouvait y suffire. Le pourrait, du moins... Si un seul nom suffisait à définir cet être insaisissable qui échappait pour le moment à sa connaissance. Et l'affaire était apparemment bien plus complexe qu'il n'y paraissait.

Car quand bien même Cosette affirma, pour commencer, que l'homme qui l'avait élevée se nommait Ultime Fauchelevent, elle revint finalement sur ses propos. Gillenormand se tendit légèrement. A ses yeux, rien ne savait justifier que l'on décide ainsi de changer d'identité à moins d'avoir de sinistres secrets à dissimuler. Jean Valjean, voilà un nom qui ne lui inspirait pas grand-chose, si ce n'est une défiance absolue. Un nom très commun, un nom qui n'évoquait certainement pas la noblesse... un nom que l'on avait cherché à étouffer, à oublier.

Instinctivement, ce ne fut pas vers Cosette que le regard de Gillenormand se tourna, mais vers Marius. Avait-il été au courant de cela ? Savait-il que le père de Cosette n'était pas qui il prétendait être ? Bien sûr, l'on pouvait changer de nom sous bien des prétextes, mais ils pouvaient bien souvent se révéler obscurs, et en l'occurrence, Gillenormand commençait à se demander s'il n'avait pas jugé un peu trop hâtivement la jeune Cosette. Oh, puisque Marius l'aimait, lui aussi ne saurait que l'aimer également, mais il y avait cette part d'ombre qu'il découvrait tout à coup... et comble de tout cela, il apparaissait que Marius lui-même n'était pas au courant de cette histoire, comme le confirma la question qu'il posa à son épouse.

Il s'était marié à cette jeune femme qui manifestement avait volé sa raison en plus de secret, et il semblait pourtant qu'il lui manquait beaucoup d'informations au sujet du passé de cette demoiselle bien douce, bien innocente, mais dont le père ne l'était peut-être pas tant. Gillenormand préféra ne rien dire. Il ne voulait pas braquer Cosette en lui posant de trop nombreuses questions. Il estimait préférable de ménager la jeune femme, et de la laisser répondre à la question très simple que lui posait Marius, intrigué par ce qu'elle pourrait bien avoir à leur répondre à ce sujet. De toute évidence, ils n'étaient pas au bout des révélations, et celle-ci changerait peut-être la donne.

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Messages : 159 Date d'inscription : 15/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

Cosette baissa le regard. Elle craignait, en disant ne serait-ce qu'un mot de plus, de trahir plus encore son père qu'elle ne l'avait déjà fait en se mariant sans qu'il n'en sache rien, en l'abandonnant, en quelque sorte. Elle l'avait compris, ou le devinait du moins, le passé de son père en plus d'être des plus mystérieux, était sans doute également obscur, sombre par certains aspects. Elle s'interrogeait beaucoup, et avait plus d'une fois tenté, sans succès, de questionner son père à ce sujet, sans succès, mais il est vrai qu'à certaines de ses questions, une part d'elle préférait ne pas forcément obtenir de réponse. La vérité pouvait faire mal, elle en avait bien conscience. S'il était vraiment blanc comme neige, pourquoi cet inspecteur de police serait-il venu la trouver pour la mettre en garde ?

Et pourtant, elle ressentait encore le besoin de défendre l'honneur et la réputation de l'homme qui l'avait élevée. Il avait peut-être été un véritable démon dans une autre vie, mais à ses yeux il était un ange, un saint, un homme qui s'était saigné aux quatre veines dans l'espoir de faire son bonheur, un homme qu'elle aimait trop profondément pour salir son nom, qu'il soit inventé ou réel. Elle ne voulait pas faire offense à sa personne, mais ne pas tout dire, c'était aussi prendre le risque de ne jamais le revoir... Oh, que cette situation était compliquée ! Elle, elle voudrait seulement pouvoir se blottir dans les bras de son époux, puis dans ceux de son père, sans craindre que l'affection de l'un ne la dispense éternellement de celle de l'autre.

"Je n'en sais pas davantage", tenta-t-elle de se justifier face à l'incompréhension que Marius exprimait en mots, et que Gillenormand manifestait en regard. "Il n'a jamais voulu me dire grand-chose de son passé, de qui il était avant de me recueillir et de m'arracher aux griffes de ceux qui m'avaient tant fait souffrir enfant. Je lui dois ma vie et mon bonheur, c'est ce qui définit qui il est à mes yeux, peu importe le nom qu'il porte ou a un jour porté", déclara-t-elle avec volonté.

Pourvu que cela suffise aux deux hommes pour ne pas trop insister.

Messages : 1060 Date d'inscription : 03/02/2015

Une maison sans enfant est une tombe.

Marius n’avait jamais eu besoin de connaitre grand-chose de Cosette, en dehors du fait qu’elle était celle qu’elle était tout simplement. Il était tombé fou amoureux d’elle dès qu’il l’avait vu (faux, mais avant, elle n’était pas une femme, il ne pouvait pas la remarquer), il n’y avait rien à savoir de plus et maintenant elle était son épouse tout simplement. Qu’elle soit Cosette, Euphrasie ou encore Ursule, peu importait. Tout comme son père, qu’il soit Ultime ou Jean Valjean, Marius n’avait pas l’intention de considérer que ça changeait quoi que ce soit. Mais en même temps, il ne pouvait pas s’empêcher d’être curieux de cette nouvelle, de découvrir que le passé de l’homme qui avait élevé sa tendre Cosette soit quelque peu sombre. Il ne pouvait pas s’empêcher de se questionner et c’était sans doute la même chose pour son grand-père, qui ne prononça aucun mot. Cependant, l’attention de Marius était entièrement tournée vers son épouse (il lui était si facile en même temps d’ignorer son grand-père), il ne remarqua pas spécialement le trouve de ce dernier.

Cosette affirma qu’elle n’en savait pas davantage, que son père n’avait jamais eu l’intention de lui dire grand-chose sur son passé, de ce qu’il était avant de l’arracher aux griffes de ceux qui l’avaient tant fait souffrir enfant. Marius serra un peu plus fort la main de son épouse, ne pouvant supporter de l’entendre parler de ce passé douloureux. Il ne connaissait finalement rien de son père, il ne savait pas qui était Ultime Fauchelevent, de Jean Valjean, mais ce qu’il savait en revanche c’était que cet homme devait être béni pour avoir sauvé celle qu’il aimait tant.

« Tu as parfaitement raison. » Dit-il, en n’ayant pas l’intention d’insister de son côté.

Comment lui en vouloir, alors qu’elle aimait évidemment cet homme qui lui avait permit d’avoir une vie normale et en prime de la conduire sur sa route à lui. Lui-même ne connaissait pas grand-chose de son père et il n’avait pas eu l’occasion de le connaître comme il le fallait, pourtant il l’aimait et le respecter comme on devait respecter un père. Il ne pouvait que comprendre son épouse, il n’y avait pas besoin de connaître le passé de cet homme pour comprendre qu’il avait pris soin de Cosette et que cela faisait forcément de lui un saint. Quoi d’autre ? Peu importait ce qu’il avait pu faire dans son passé l’obligeant à changer de nom, l’important était seulement qu’il avait racheté tout ce qu’il avait fait (pensait-il bêtement cependant, ne connaissant rien de la vérité) en s’occupant de son épouse. Marius penserait sans doute bien différemment en connaissant la vérité, mais pour l’heure il ne pouvait que soutenir Cosette et si elle affirmait que tout cela lui était égal, ça lui était égal aussi de son côté. L’important était seulement de pouvoir éventuellement le retrouver pour que son épouse soit entièrement heureuse, même si en soit, il considérait qu’elle n’avait peut-être pas besoin de plus que lui-même.

Code by Gwenn

Messages : 302 Date d'inscription : 05/03/2017

Une maison sans enfant est une tombe.

L

e passé trouble de l'homme qui avait élevé Cosette ne disait définitivement rien qui vaille à Gillenormand. S'il saurait aimer la jeune femme, puisque Marius l'aimait, après tout, il n'en était pas moins décontenancé par ces révélations qui laissaient sous-entendre des secrets pour le moins lourds et inexprimables, dont la jolie blonde ne semblait pas avoir conscience elle-même mais qui pourraient tout à fait avoir de sévères répercussions si l'affaire devait être plus terrible qu'ils voulaient bien le soupçonner. Gillenormand ne voulait surtout pas que cette jeune femme puisse apporter des ennuis à son petit-fils. Il était prêt à consentir à beaucoup si cela pouvait lui permettre de se rapprocher davantage de celui qu'il considérait comme son fils et qui parfois lui donnait le sentiment de le considérer comme l'ennemi, mais il ne devait pas s'épargner toute prudence non plus sous prétexte de réconciliation. En aucun cas ce ne pourrait être une bonne chose, et Luc le savait pertinemment.

Marius, s'il donnait complètement raison à Cosette, n'ôtait pas vraiment à Gillenormand ses suspicions. Car après tout, s'il était convaincu de la bonne foi de la jeune femme, ce n'était pas pour autant que, lui, avait été de bonne foi. Oui, il avait consenti à quelque chose de tout à fait admirable en acceptant de prendre soin de cette enfant au passé difficile, maltraitée par ceux qui auraient dû prendre soin d'elle, mais est-ce qu'une bonne action, si noble soit-elle, suffisait à rattraper des actes peut-être criminels ? Car qui dissimulait son passé et même jusqu'à son identité s'il ne s'agissait d'un criminel ? Quelles autres raisons aurait-il de marquer toute cette situation sous le sceau du silence. Non, vraiment, définitivement, catégoriquement, cette situation ne lui disait rien qui vaille.

-S'il a changé de nom, ce n'est sans doute pas sans raison, dit-il tout de même, ne pouvant s'empêcher de nuancer le propos des deux tourtereaux qui semblaient refuser de voir en face une situation qui, si cela se trouvait, était en vérité très grave et méritait que l'on s'y attarde avec bien davantage d'attention.

Peut-être aussi qu'il n'en était rien, mais comment le savoir, comment en être sûr à cent pour cent ? Ils ne pouvaient tout bonnement pas l'être, et c'était un véritable souci, à n'en pas douter. Il comptait bien, en tout cas, se renseigner sur ce Jean Valjean, et s'il devait découvrir qu'il représentait une menace, même invisible, pour Marius et sa jeune épouse, il ferait au mieux pour faire oublier cet homme à sa fille, comme il avait voulu faire oublier le nom de son père à Marius (sans succès, cela va sans dire).

-Nous allons le retrouver, je déploierai tous les moyens pour cela. Cela nous permettra peut-être également de dénouer ce mystère.

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