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 Une main tendue (Clopin)

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Dea Girardet
Dea Girardet
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Message#Sujet: Une main tendue (Clopin)   Une main tendue (Clopin) I_icon_minitimeMer 15 Sep - 8:31

Une main tendue

Dea ♠ Clopin


Ils doivent être fous d'inquiétude. Ou Ursus, du moins. Concernant Gwynplaine, je ne sais plus que penser. Je sais, certes, qu'il n'est pas responsable de l'engrenage dans lequel il se retrouve pris au piège, mais moi-même je ne sais plus comment l'aider, ni même s'il veut de mon aide. Bien sûr, l'idée qu'il puisse me préférer la duchesse d'Aurevilly et l'épouser m'horrifie, mais c'est une perspective que je dois accepter malgré tout, car je crois bien que je n'en ai aucune autre et lui non plus. Ce que je redoute, au-delà des obligations qu'il doit remplir et qui doivent m'éloigner de lui est bien qu'il finisse par m'oublier complètement. Nous allons poursuivre des chemins très différents, il sera naturel qu'il m'oublie. Et cette pensée me jette un véritable froid au coeur. Je sais qu'il sera peut-être heureux, et je dois me concentrer là-dessus. Seulement, ce n'est pas si simple.

Non, je ne sais plus quoi penser à son sujet. Non, c'est faux, je sais quoi penser à son sujet, je l'ai toujours su, et mes sentiments demeureront à jamais indéfectibles, mais je ne suis pas de taille face aux appels de la gloire, de la fortune, et de ce qu'il doit estimer être le seul choix sûr pour moi, et ce même si ce choix a pour effet de m'éloigner de lui. Je ne peux pas lutter contre le charme et la beauté, je ne sais pas ce que c'est. C'est une chose que Gwynplaine aimait en moi, je pense, aime toujours en moi. Parce que je ne juge que de la beauté qu'il y a en lui, pas ce qui se dégage de lui, et, me dit-il, m'effraierait, mon absence de regard m'en offre un autre... Comment en être certaine malgré tout ? Je ne suis pas juge de ma propre beauté... Nous nous sommes exemptés des apparences depuis si longtemps... Il se peut qu'elles nous rattrapent.

En tous les cas, Gwynplaine s'est éclipsé j'ignore où, et j'ignore s'il va revenir, cette fois. Pour chacune de nos conversations, je crains à présent qu'elle soit la dernière. Mais je ne vais pas l'attendre cette fois. La dernière a été si longue. À la place, je reste auprès d'Ursus, qui doit en avoir assez de me réconforter, ce que je comprends. J'aimerais qu'il sache lui faire entendre raison, mais je sens qu'il a baissé les bras. C'est notre histoire et non la sienne, même s'il tient profondément à nous. Quand il va faire la quête pour récolter le fruit de notre travail, moi, je décide de m'en aller.

Il doit être fou d'inquiétude... Je ne lui a pas dit où j'allais... Mais je ne suis pas loin, de toute manière, notre chapiteau planté au jardin du Luxembourg, je me dis seulement qu'y faire quelques pas pourra m'être agréable. J'ai demandé plusieurs fois à Ursus et Gwynplaine de me le décrire. Le décor semble idyllique. J'ajoute à ce qu'ils m'ont appris mes propres sensations : l'odeur du printemps qui s'apprête à renaître, et qui se dégage des arbres et de l'herbe fraîchement coupée, l'écho des conversations perçues au hasard, le bruit délicat de l'eau d'une fontaine. Je souris avec douceur, j'aime cet endroit.

Avec lenteur et calcul, je suis scrupuleusement le chemin principal sans m'en détourner, pour pouvoir retrouver ma route et les miens à tout moment. Distraite, j'entends le pas rapide de la personne qui arrive en face de moi, mais n'anticipe pas la collision. L'homme (je pense que c'est un homme, étant donné sa taille, et ce parfum distinct qui émane de lui) ne s'excuse pas et trace sa route, peut-être a-t-il agi intentionnellement. Ma cessité me donne les attraits de l'attaque facile. Je suis un défouloir, parfois. Il me bouscule et je tombe à la renverse. Je m'apprête à me redresser quand je sens une nouvelle présence à mes côtés. Je devine une main tendue que je parviens à attraper pour me relever.

-Merci.
Je remercie dans un souffle, sans deviner l'identité de la personne qui vient de m'aider.


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Clopin Trouillefou
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Message#Sujet: Re: Une main tendue (Clopin)   Une main tendue (Clopin) I_icon_minitimeLun 21 Mar - 10:04

Une main tendue
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les choses suivaient leur cour. Elles devaient suivre leur cour, c’était le principe même de la vie. Clopin aimait se laisser porter, même s’il avait tout de même des obligations à tenir. Il était le chef des gitans après tout. Il ne pouvait donc pas juste faire n’importe quoi, il avait certaines responsabilités à leur égard, et malgré son air insouciant, Clopin prenait ce rôle très à cœur. Il ne voulait pas que son peuple pâtisse de ses excentricités, et il s’évertuait donc à être un chef à la hauteur de leurs attentes. Il espérait qu’ils étaient satisfaits de lui, mais il lui semblait que c’était le cas. Sans se vanter, évidemment, mais il fallait savoir reconnaître les évidences. La situation était plutôt stable, quand bien même leur présence était mal vue par les dirigeants de cette ville. Ils avaient l’habitude, ce n’était pas pour autant qu’ils allaient quitter Paris.

Il ne savait pas vraiment pourquoi ils étaient si peu appréciés. Il est vrai qu’ils avaient une sale réputation, mais ce n’était pas justifié. Enfin, pas toujours. Tous les gitans n’étaient pas des voleurs, des violeurs et des assassins. Et puis, les non gitans n’étaient pas des sains non plus. Rien qu’à voir la dernière révolte qui s’était terminée dans un bain de sang. L’exemple n’était donc pas fameux. Mais bon, ils faisaient avec, et ils tentaient de prospérer. Cela ne se passait pas trop mal pour le moment, il devait bien le reconnaître. Quoiqu’il en soit, même si Clopin se préoccupait des gitans, il ne les surveillait pas tout le temps. Certes, il avait des yeux et des oreilles un peu partout dans la ville, mais il les laissait vivre leurs vies, tant qu’ils n’enfreignaient pas leurs règles.

La seule qui avait le droit à un peu plus de surveillance, c’était Esmeralda. Mais il fallait bien. Clopina ait juré à sa mère qu’il la protègerait, et elle était comme une petite sœur pour lui. Il était hors de question qu’il la laisse en proie à tous les dangers. Il n’avait pas du tout aimé l’entendre dire que le sonneur de cloches avait tenté de l’enlever, et il comptait bien s’en mêler. Mais il n’avait pas non plus aimé ce récit de « soleil » et de sauveur, et surtout, l’air énamouré sur le beau visage de la gitane. Il était hors de question qu’Esmeralda entretienne une relation avec un homme, et encore moins un que Clopin ne connaissait pas. Oui, elle était mariée, mais ce mariage ne valait rien, c’était purement platonique et cela devait le rester.

Il n’aimait vraiment pas cela. Que la gitane attire l’attention des hommes était normal. Elle était magnifique, une beauté rare, mais ce n’est pas pour autant qu’ils pouvaient l’avoir. Elle était encore très jeune (même si certaines femmes étaient mariées plus tôt qu’elle) et elle était naïve et innocente. Elle n’avait pas atteint la maturité nécessaire pour avoir une relation. Peut-être que Clopin se mêlait de ce qui ne le regardait pas, mais il s’en moquait. Perdu dans ses réflexions, il vit tout de même une jeune femme tomber à la renverse, sans que personne ne se dévoue pour l’aider. Il soupira et parti à sa rencontre pour l’aider, avant de la reconnaître aisément.

-Merci.

C’était la gamine qui se produisait avec Ursus, sa fille adoptive. Clopin n’était pas un grand ami de la famille, surtout en ce qui concernait le père, mais il avait suivi un peu les histoires de la petite aveugle. Il ne savait pas comment tout ceci allait se régler, mais c’était tout de même assez distrayant d’observer toute cette situation. Ce n’était peut-être pas délicat, mais Clopin ne l’était pas spécialement. Alors, ce n’était pas tellement la peine de s’en formaliser. Il ne riait pas à gorge déployée non plus.

« Je t’en prie, rien de cassé ? »

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Dea Girardet
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Message#Sujet: Re: Une main tendue (Clopin)   Une main tendue (Clopin) I_icon_minitimeMer 22 Juin - 9:49

Une main tendue

Dea ♠ Clopin


Je l'ai souvent dit à Gwynplaine, et pour toujours je le pense. Je n'ai jamais considéré le fait d'être aveugle comme un handicap mais bien davantage comme un don... il me permet de voir au-delà de ce que les autres regardent. Je perçois davantage dans les trémolos d'une voix, dans un geste quel qu'il soit, que ce dont la plupart seront jamais capables. C'est un don dont j'ai tout à fait conscience, et c'est un don que j'entretiens tel un bien précieux. Car c'est ce qu'il est, d'une préciosité de diamant.

Cela me permet de voir les âmes généreuses où on n'espérerait pas toujours les trouver. Je crois qu'Ursus, de son côté, appellera cela de la naïveté, mais cela m'est bien égal. Je sais plus qu'il ne sait lui-même. Comme j'en sais plus sur lui que ce qu'il prétend. C'est mon privilège. Moi qui en ai, pour commencer, fort peu, il me faut bien savoir me contenter du peu que je sais posséder, n'est-ce pas. Et pour une démonstration quelconque de gratuite cruauté, je peux trouver de la générosité dans des âmes qui ne le sont pourtant pas toujours.

-Non, j'ai les os solides, je le rassure avec un fin sourire quand il me demande si je n'ai rien de cassé.

Il m'en faudrait plus, vraiment. Du moins c'est ce que j'affirme. Il est vrai qu'après avoir survécu au froid, je finis par penser que je suis capable de survivre à tout. J'ai conscience de combien cette pensée peut être dangereuse, je sais qu'il me faut m'en préserver, ou du moins en partie, mais il reste néanmoins assez irrésistible que de le penser malgré tout.

-Je vous connais, je crois ? Enfin de loin, je reconnais votre voix, dis-je avec un léger sourire, qui n'est pas tant là pour marquer une hésitation qu'une forme de certitude. Je prétendrais ne pas le connaître, mais je sais pertinemment qui il est. Vous êtes Clopin, c'est bien cela ?

Clopin que sa réputation précède, mais je ne me suis jamais fiée aux réputations de quiconque. L'expérience m'a déjà plus d'une fois prouvé que ce n'était jamais une très bonne idée, et surtout que ça ne veut rien dire du tout. J'aurais grand tort de faire cela.

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Clopin Trouillefou
Clopin Trouillefou
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Message#Sujet: Re: Une main tendue (Clopin)   Une main tendue (Clopin) I_icon_minitimeMar 20 Sep - 14:25

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Clopin ne connaissait pas personnellement cette jeune fille, mais il savait qui elle était, il avait déjà vu des bribes du spectacle qu’elle donnait avec sa famille, et étant donné qu’il laissait traîner une oreille partout, il savait pas mal de choses sur elle. Clopin n’estimait pas être prince ou grand seigneur, mais il n’allait tout de même pas laisser cette jeune fille par terre alors qu’il était à côté. Surtout qu’elle avait un handicap, alors cela aurait été pas très sympathique de sa part.

Cela dit, il est vrai qu’il ne cherchait pas spécialement à se montrer sympathique. Parfois, il faisait preuve d’une réelle indifférence envers les autres êtres humains. Parfois, il estimait qu’ils ne méritaient tout simplement pas sa considération. Mais bon, pour cette fois, il devait être dans un bon jour, d’autant que Déa Giradret n’était pas une mauvaise fille et qu’elle ne lui avait jamais causé le moindre tort. Du moins pour le moment, le gitan restait tout de même une personne méfiante, envers qui que ce soit.

-Non, j'ai les os solides.

Il n’allait pas la contredire. Peut-être qu’elle ne disait pas la vérité parce qu’elle ne voulait pas se plaindre, mais dans tous les cas, il choisissait de la croire. Elle était capable de savoir par elle-même si elle avait besoin d’aide ou non, et si elle s’était faite mal ou non. La chute n’avait pas été violente, mais certaines personnes étaient fragiles. Quoiqu’il en soit, cela ne semblait pas être le cas de Déa, et c’était tant mieux pour elle.

-Je vous connais, je crois ? Enfin de loin, je reconnais votre voix. Vous êtes Clopin, c'est bien cela ?

Il n’était pas vraiment surpris qu’elle le reconnaisse, pour tout dire. Il était connu que certaines personnes qui étaient privées d’un de leur sens voyaient les autres être un peu plus développés, comme pour compenser ce qu’ils avaient perdu. Il ne se souvenait pas lui avoir parlé plus que ça, ceci dit, mais c’était toujours flatteur d’être reconnu, bien sûr. Même si en soit, elle n’avait rien dit qu’il pouvait prendre comme un compliment, mais il allait faire comme si.

« Oui, c’est bien moi. Qu’est-ce que tu fais par ici toute seule ? Tu as semé ton frère et ton père ? »

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