Toute confidence exige d'être méritée | Esmeralda & Clopin

Esmeralda venait de passer une journée entière en dehors de la cours des miracles, comme à son habitude, dansant pour les passants afin de récupérer des sous. Ça avait été une journée plutôt productive, elle devait bien le reconnaître. Oh, ça ne suffisait jamais longtemps, mais la bourse de fortune que la danseuse avait sur elle constamment était bien remplie. Djali et elle avaient fait du bon travail aujourd’hui, c’était une belle journée. Enfin, en tout cas, aux yeux de Esmeralda c’était une bonne journée, mais elle ne se préoccupait pas vraiment de ce qui pouvait bien arriver dans la ville globalement, elle se concentrait beaucoup sur sa propre personne. Ce qui n’était pas forcément égoïste de sa part, elle ne cherchait pas à ne pas se préoccuper du malheur des autres, c’était simplement qu’elle était souvent bien trop naïve pour le constater. Il avait un peu plus dans la matinée, mais l’après-midi avait été ensoleillé.

Et le cœur de la jeune femme l’avait été d’autant plus qu’elle avait eu l’occasion de croiser son beau soleil, l’homme qui illuminait chacune de ses journées, qui la faisait sourire comme personne n’y arrivait autrement. Elle se sentait tellement plus légère quand elle avait la possibilité de parler au beau capitaine de la garde, elle se sentait si... heureuse. Djali la boudait un peu, comme à chaque fois qu’elle « perdait » trop de temps auprès du beau et grand jeune homme, mais Esmeralda savait que ça allait passer. Quand elles avaient passé l’entrée de la cour des miracles, la chèvre n’avait pas tardé avant d’abandonner sa maîtresse, sans doute dans le but d’aller trouver le poète. Esmeralda se contenta de vaquer à ses occupations donc, ne prenant pas garde au comportement de sa camarade.

Elle afficha un sourire quand elle vit Clopin s’approcher d’elle. Il lui demanda s’il pouvait lui parler, mais dans tous les cas il était évident que Esmeralda ne lui refuserait pas cette possibilité, bien au contraire. Elle adorait quand ils passaient du temps tous les deux, quand ils parlaient. Clopin était comme un frère pour la jeune femme, un peu comme toutes les personnes qui vivaient dans la cour des miracles, comme tous les gitans de Paris. Mais sa relation avec Clopin était plus proche, il s’était occupé d’elle depuis qu’elle avait perdu sa mère.

« Jamais. » Dit-elle presque vexée d’entendre les propos du roi des gitan alors qu’il lui demandait s’il lui faisait des cachotteries. La jeune femme était bel et bien pensive, elle ne pouvait pas le nier, mais elle ne pensait pas cacher quoi que ce soit. Enfin, elle ne prenait peut-être pas vraiment la peine de parler non plus, mais elle ne pensait pas cacher quoi que ce soit. « Pourquoi tu dis ça ? »

Clopin était un homme occupé, il devait quand même veiller sur tous les gitans de Paris, il ne pouvait pas forcément lui accorder tout son temps. Alors, elle appréciait de pouvoir parler avec lui.

Clopin avait toujours été présent pour Esmeralda, comme une sorte de grand-frère la protégeant depuis ce qui lui semblait toujours. Esmeralda avait peu de souvenir de sa mère, parti beaucoup trop tôt, mais elle savait que sa famille veiller sur elle. Clopin en faisait partie, ils étaient tous des gitans, donc forcément ils faisaient partis de la même famille, mais c’était quand même plus que cela concernant le roi lui-même. Esmeralda était touché que l’homme se souci d’elle, elle aimait ça, parce qu’elle aimait Clopin comme une jeune femme aimerait son grand-frère, ce modèle qu’il était pour elle. Clopin lui affirma que s’il lui posait cette question, c’était par une simple intuition. Il lui affirma ensuite qu’elle pouvait tout lui dire. Évidemment que c’était quelque chose qu’elle savait qu’elle pouvait tout lui dire, qu’il pouvait tout entendre de sa part. Et également le fait qu’il ne lui voulait que du bien.

C’était plaisant forcément de se dire qu’une personne tenait à nous suffisamment pour se faire du souci, mais en même temps La Esmeralda n’avait aucune envie de cause des soucis au roi des gitans, que ce dernier se préoccupe de son sors au point de se faire du souci. Il n’avait aucune raison de s’inquiéter. Esmeralda n’avait aucune envie de cacher quoi que ce soit à Clopin, elle ne pensait même pas lui cacher quelque chose d’ailleurs. Elle ne lui avait peut-être pas parlé de certaine chose, mais elle ne cachait pas volontairement des informations à Clopin, elle ne se permettrait pas.

« Je te remercie de te faire du souci pour moi, mais tu n’as pas de raison de t’inquiéter. » Lui répondit-elle dans un sourire. Elle attrapa la main de Clopin, comme pour lui prouver qu’il pouvait lui faire confiance et qu’elle ne mentait pas. « Je me porte très bien, je n’ai vraiment pas à me plaindre. » Elle afficha un sourire.

Elle aurait pu se contenter de dire cela, et en soit elle pensait ne dire que cela. Elle n’avait aucune raison de se plaindre de sa vie, elle avait de la chance et elle avait conscience qu’elle s’en sortait quand même très bien comparé à d’autres personnes. Elle avait des amis sur qui compter, elle avait une famille de cœur importante, un endroit où elle pouvait dormir avec sa chèvre, elle avait sa chèvre et meilleure amie. Elle avait Clopin. Elle avait Eponine comme amie, qui de son côté avait bien plus de raison de se plaindre qu’elle, parce qu’elle vivait avec des monstres. Non, elle n’avait pas à se plaindre, d’autant plus qu’elle avait aussi… son beau soleil.

Et ce fut en pensant au jeune homme comme elle le faisait constamment qu’elle ajouta finalement quelque chose en plus.

« Je crois qu’un ange gardien veille sur moi… » Dit-elle dans un souffle, son regard perdu dans ses pensées encore une fois. Parce qu’elle pensait à son beau capitaine de la garde qui l’avait sauvé et qu’elle aimait comme elle n’aimera personne dans sa vie, elle le savait.

Esmeralda avait peut-être plus parlé pour elle que pour Clopin en abordant le sujet de son ange gardien, mais en même temps elle était incapable de se retenir d’en parler. L’homme lui avait sauvé la vie, il était devenu son tout, son soleil. Elle l’aimait comme elle ne pensait pas être capable d’aimer un jour. Elle était… troublée en sa présence et elle était peut-être même prête à faire le plus grand des sacrifices pour lui. Elle ne pouvait donc pas ne pas en parler, ne se rendant pas forcément compte que ce n’était pas une si bonne chose de sa part d’en parler à Clopin. Parce que l’homme ne pourrait pas vraiment la comprendre, parce qu’il aurait envie de la protéger, de la garder pour lui… tant de sentiment, d’émotion et d’attraction qu’elle n’était pas capable de voir réellement. Ils étaient nombreux pourtant les hommes à ressentir ce genre de chose pour elle, sans qu’elle ne le voie.

« Un ange gardien oui ». Dit-elle toute innocente, le sourire aux lèvres, tournant son regard vers le roi des gitans. « Mon ange gardien. » Reprit-elle, un large sourire décorant ses lèvres et ses yeux se mettant à briller de mille feux.

Elle ne devrait peut-être pas parler de Phoebus à Clopin, parce que l’homme était quand même le capitaine de la garde et qu’on ne pouvait pas vraiment dire qu’ils étaient bien vu par les autorités. Mais en même temps, la jeune femme avait comme le besoin d’exprimer tout ce qu’elle ressentait à son ami, frère de cœur, père de substitution… tout ce que Clopin représentait pour elle donc. S’ils abordaient le sujet, il était évident que la jeune femme ne pouvait pas réellement se retenir d’en parler, même si elle voulait le faire. Elle en était incapable… parce qu’elle était beaucoup trop envoutée par le beau capitaine.

« Il est mon… soleil. » Reprit-elle, le visage toujours aux anges, la voix toujours douce. « Il m’a sauvé d’un monstre une fois, sans lui… je ne sais pas ce que je serais devenue. Il m’a sauvé et depuis, je sais qu’il veille sur moi. » Les joues d’Esmeralda se mirent à rougir légèrement. « Il ne peut pas en être autrement. »

Elle n’avait pas spécialement envie de rentrer plus dans les détails et dire à Clopin à quel point elle se sentait amoureuse de ce Phoebus. Ce n’était qu’une pudeur innocente, même si au final ses sentiments devaient se voir largement sur son visage.

Tout ce que Esmeralda disait sortait purement et simplement de son cœur. Elle n’avait aucun secret pour Clopin, même s’il y avait visiblement des choses qu’elle n’avait pas pris la peine de lui raconter. Mais ce n’était pas dans le but de lui cacher des choses, elle n’avait simplement pas eu l’occasion de lui en parler. La jeune femme n’avait vraiment aucun secret pour l’homme qui la protéger, qui s’occupait d’elle et qui s’occupait même de tous les gitans. Elle n’aimait pas spécialement parler de nouveau du monstre. Il lui arrivait encore de temps en temps quand elle fermait les yeux de voir son horrible visage, elle avait peur de le croiser dans la rue encore. Même si elle se rassurait en se disant que son ange gardien était là pour le protéger, elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir peur. Alors, moins elle pensait à ce monstre, mieux elle se portait. Mais elle devait bien des explications à Clopin.

« Ce monstre… » La jeune femme fut parcourue d’un frisson intense, dans tout le corps. Rien que de penser à ces mains qui s’étaient refermés sur elle, lui faisait peur, lui donnait la nausée. Même si elle avait eu l’occasion de le revoir depuis, et qu’elle avait même pris la peine de l’aider. Mais attaché, elle avait su qu’il ne lui ferait rien. « Il est hideux, horrible… il a tenté de m’enlever une nuit. Tu le connais, c’est le sonneur de cloche de Notre Dame. »

Le monstre de la cathédrale, qui était tout hideux, mais qui n’avait pas non plus mérité de mourir de soif. Esmeralda continuait d’avoir peur de lui, même si elle devait bien avouer qu’elle ne savait pas exactement quoi penser de lui. À part qu’elle préférait largement qu’il soit loin d’elle et qu’il ne tente pas de l’approcher de nouveau.

« Et mon sauveur… » Elle afficha un nouveau sourire. Contrairement à Quasimodo, elle n’avait évidemment aucun souci à penser à Phoebus, bien au contraire. Ça lui faisait tellement de bien de penser à lui. « Mon soleil… » Dit-elle dans un nouveau soupire avant de reprendre. « C’est Phoebus, il est si beau… Si tu le voyais, tu te dirais la même chose. »

Oui, il était tellement beau. C’était un homme fort qui l’avait sauvé de ce monstre et qui semblait lui apporter de l’intérêt, même si elle ne pouvait pas s’empêcher de s’en sentir gêner. Parce qu’elle avait conscience, sans doute, qu’elle serait capable d’enfreindre ses promesses pour lui.