La décision de Gwynplaine était prise, il ne pouvait pas mettre de côté ce qu'il avait découvert sur sa famille. Avec ce qu'il venait d'apprendre, il ne pouvait pas faire comme s'il ne savait rien. Après tout, il était quand même l'héritier d'une grande fortune, qui allait pouvoir lui permettre d'avoir une vie bien meilleure. Bon, le saltimbanque n'avait pas non plus vraiment à se plaindre, ils s'en sortaient pas trop mal tous les trois. Ils ne roulaient pas sur l'or, bien sûr, mais ils n'avaient pas trop à se plaindre. Ils avaient quand même du pain sur la table chaque jour maintenant, leur pièce de théâtre marchait très bien. Gwynplaine aimait l'idée de monter sur scène chaque soir pour jouer les pièces d'Ursus, il aimait se retrouver devant la foule, de pouvoir montrer son visage à tous. Mais il ne pouvait pas faire comme s'il ne savait rien et comme si cet argent ne dormait pas tranquillement en l'attendant. Gwynplaine savait parfaitement que le théâtre allait sans doute lui manquer, mais la vie qu'il allait avoir et qu'il allait pouvoir offrir à Déa allaient prendre le dessus. Il pensait vraiment à sa soeur de coeur, il pensait vraiment à la jeune femme quand il pensait au fait d'accepter son héritage. L'aveugle allait pouvoir avoir la vie qu'elle méritait vraiment, qu'un ange comme elle méritait plus que tout. Peut-être, pour la première fois de leurs vies, il allait enfin pouvoir offrir quelque chose de beau à Déa. Ce n'était pas rien après tout, ça comptait énormément pour Gwynplaine. Et alors qu'il pensait au fait qu'ils allaient vivre dans un château - parce que c'était le cas, ils allaient vraiment avoir une vie de noble - le jeune homme devait bien se rendre à l'évidence que certain de ses démons prenaient beaucoup moins de place dans son esprit. De démon ou de sorcière, cela dépendait du point de vue.

C'était sans doute étrange, mais Gwynplaine devait bien se rendre à l'évidence que la duchesse prenait quand même beaucoup moins de place dans ses pensées, sans doute parce qu'il ne pensait plus autant aux pièces de théâtre également. Evidemment, la femme avait quand même sa place dans sa "nouvelle" histoire, mais c'était différent. Il ne cherchait pas à la revoir pour l'heure en tout cas, ce qui l'écartait un peu de lui au final. Rien n'était fait encore, Gwynplaine n'avait pas pris la peine d'aller voir l'inspecteur Javert encore pour l'informer qu'il voulait récupérer son nom et sa fortune (ainsi que sa place dans le parlement évidemment), parce qu'il avait envie d'en discuter avec Déa a avant. Il ne pensait pas que ça pourrait changer grand-chose, il n'avait pas envie que ça change quoi que ce soit. Mais puisque depuis sa grande conversation avec son père et sa "soeur de coeur" - qui n'avait vraiment plus rien de soeur dans son coeur - il avait eu l'occasion de discuter seul à seul avec Ursus. Gwynplaine avait juste envie d'en reparler à Déa. Ce fut donc pour cette raison qu'alors qu'ils se trouvaient seuls tous les deux dans la roulotte où ils vivaient pour l'heure, qu'il s'approcha d'elle.

« Déa. » D'un geste instinctif, Gwynplaine attrapa dans un geste tendre la main de l'aveugle. « Est-ce que ça te dit qu'on aille se promener un peu tous les deux ? »

Il avait le sentiment que ça faisait vraiment longtemps qu'ils ne l'avaient pas fait, qu'ils n'avaient pas été que tous les deux un peu.

Gwynplaine ne dit rien quand Déa accepta de venir faire un tour avec lui. Le jeune homme n’avait pas vraiment douté du fait qu’elle avait accepté, mais il aurait sans doute mal pris si elle avait refusé. Il entraîna donc avec lui à l’extérieur de la roulotte, dans laquelle il vivait pour le moment, afin qu’ils puissent profiter un peu du beau temps. Ces derniers temps la météo se montrait beaucoup plus clémente, les beaux jours étaient de retour. Déa ne manquait pas de faire la réflexion ailleurs. Le jeune homme afficha un sourire, en plus de son sourire habituel qui ne pouvait pas envie de son visage, quand sa sœur de cœur fit cette remarque. Il se douter que la jeune femme n’avait pas spécialement envie de parler du beau temps, de la météo, ils avaient d’autres sujets à aborder. Mais Gwynplaine comprenait que la jeune femme n’avait pas envie d’entamer des sujets délicats d’elle-même. Le jeune homme ne reprit pas dessus de la parole se contentant de marché avec sa sœur (qui en réalité été bien plus qu’une sœur), ne lâchant pas sa main. Gwynplaine pourrait faire passer ce geste de tendresse, la manière qu’il avait de la tenir quand ils marchaient tous les deux, pour de la simple vigilance parce qu’elle ne voyait rien, mais il y avait bien sûr bien plus que ça. Gwynplaine aimé tenir la main de Déa, il aimait tous les gestes tendresse qui pouvait avoir avec la jeune femme.

Gwynplaine garda dans le silence pendant quelques minutes, se dirigeant vers un endroit où vous allez pouvoir parler tranquillement. Finalement, le jeune homme invita Déa à s’installer sur un banc, qui ne payait pas de mine, mais qui leur permet de ses commandes de prendre un peu l’air. Gwynplaine avait des choses à dire à la jeune femme, mais il devait bien avouer que je redoute un peu d’entamer la conversation. Non pas qu’il puisse imaginer que l’aveugle avait complètement changé d’avis, qu’elle allait lui demander de renoncer à son héritage, mais il savait qu’elle n’avait pas forcément envie de tous ces changements. Et après sa compensation avec Ursus, l’homme qui rit ne pouvait pas s’empêcher de douter un peu. Alors qu’au fond de lui, il avait vraiment envie d’accepter son héritage pour offrir à celle qui comptait le plus pour lui (malgré le fait qu’il ne montrait pas vraiment bien) une vie parfaitement une foule à se soucier de gagner de l’argent.

« J’Ai parlé à Ursus. » commença le jeune homme, se disant qu’il valait mieux se lancer tout de suite et parler de ce sujet qui envahissait leurs esprits depuis quelques jours. Cela ne savait rien de tourner autour du pot, autant se lancer. Et le jeune homme savait parfaitement que c’était à lui de faire. « Il m’a dit, qu’il ne viendrait pas avec nous, qu’il allait repartir sur les routes. »

La voie du jeune homme vacilla un peu parce qu’il n’aimait vraiment pas cette idée. »

Sans grande surprise, Déa ne manqua pas de montrer son indignation en entendant les propos de Gwynplaine. Ce dernier n’était pas étonné non, parce qu’au fond c’était un peu la réaction qu’il avait espéré obtenir de sa part. De son côté, « l’homme qui rit » n’avait aucune envie que son père de cœur les abandonne maintenant, quand bien même il savait qu’Ursus pouvait se montrer vraiment têtu par moment. L’homme n’avait pas le droit de les abandonner, il n’avait pas le droit de les laisser maintenant, alors qu’ils vivaient tous les trois depuis tant de temps. Ils étaient une famille… et une famille, ça ne devait pas se séparer. En tout cas, c’était ainsi que Gwynplaine voyait les choses. Quand il avait dit vouloir accepter son héritage, c’était dans le but d’en profiter en compagnie de son père et de sa sœur. Bien sûr, le jeune homme espérait surtout offrit une belle vie à sa sœur de cœur (qui arrêtons de le nier, était bien plus qu’une sœur de cœur à ses yeux), mais il avait l’intention d’en faire profiter quand même son père. Ursus s’était sacrifié pour eux après tout, pendant très longtemps. Il vivait seul autrefois, il avait eu d’un coup trois bouches à nourrir. Maintenant, c’était à Gwynplaine de lui rendre la pareille.

Déa n’était pas d’accord, donc, ils étaient sur la même longueur d’onde. La jeune femme se montra catégorique, en affirmant que c’était hors de question. Cela se voyait évidemment qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser faire et ça rassurait le jeune homme. Parce qu’ainsi, ils étaient deux pour parvenir à convaincre Ursus de changer d’avis. Ce qu’elle ne manqua pas de dire. Gwynplaine adorait le fait qu’ils soient sur la même longueur d’onde, qu’ils pensent de la même manière. Par moment, le jeune homme avait un peu le sentiment de ne plus être compris par Déa, qu’ils ne se comprenaient plus en fait. Ils avaient eu des tensions, ce qui n’était jamais arrivé avant qu’ils n’arrivent à Paris. Mais pour le coup, ils étaient vraiment sur la même longueur d’onde. Quoi qu’ils fassent, c’était ensemble oui.

« C’est ce que je pense aussi. » Dit-il comme pour rassurer Déa, pour lui préciser qu’il n’avait aucune envie qu’Ursus les abandonne. Ni maintenant, ni jamais en fait, le jeune homme voulait qu’ils passent leurs vies ensemble parce que c’était comme ça et qu’ils étaient une famille. Le jeune homme s’arrêta, pour tourner son regard vers Déa, quand bien même elle ne pouvait pas le voir, déposant une main douce sur son visage. « J’ai tenté de le convaincre, mais il n’a rien voulu entendre. À deux, on peut y arriver. Il faut que tu parviennes à lui faire changer d’avis. Il va plus t’écouter que moi. »

Parce qu’après tout, qui était mieux placé que Déa pour convaincre Ursus ? Personne… parce que personne ne pouvait refuser quelque chose à la jeune femme. Si elle demandait à Ursus de ne pas partir, Gwynplaine osait croire qu’il allait l’écouter. Plus que lui en tout cas, au vu de leur relation actuelle.

Gwynplaine afficha un sourire quand Déa tourna son visage vers lui, lui souriant également, en lui affirmant qu’elle irait lui parler. Le jeune homme savait parfaitement que sa sœur de cœur (si franchement on pouvait encore la qualifier de la sorte) ne pouvait pas le voir sourire – surtout qu’en réalité, il souriait tout le temps – mais il osait croire qu’elle le ressentirait quand même d’une certaine manière. C’était ça qu’il y avait de beau chez Déa, elle était capable de voir où les autres ne voyaient pas. Elle savait voir à travers son âme, plutôt que ses yeux. C’était en quelque sorte ce qu’il aimait chez elle, ce qui faisait qu’elle parvenait encore à le supporter sans doute. Parce qu’elle n’avait pas constamment sous ses yeux son visage horrible. Enfin, cette pensée n’avait pas lieu d’être pour le moment. Gwynplaine savourait simplement le sourire de la jeune femme, quand bien même ce dernier était léger. Il savait que Déa n’avait aucune envie de voir Ursus partir, qu’elle ne le supporterait pas d’ailleurs. Lui non plus ne pouvait pas renoncer à son père de cœur, mais en même temps… sans doute qu’au fond, oui, il serait capable de supporter son absence plus que ce qu’il n’avait dit à l’homme quand ils avaient discuté. Déa en revanche… dans tous les cas, ce n’était pas envisageable. Ursus ne pouvait pas les abandonner, pas plus maintenant qu’avant. Ce n’était pas parce que leurs vies allaient changer qu’il fallait qu’il s’en aille, qu’il abandonne. Au contraire, il n’était pas question pour lui de le laisser partir. Même s’il se doutait au final que tout cela était à cause de lui, que s’il n’y avait pas eu cette histoire d’héritage, Ursus n’aurait pas envisagé une seconde de s’en aller. Mais bon… Ils devaient le retenir et plus précisément, Déa devait le retenir.

« Il t’écoutera, c’est obligé. » Gwynplaine attrapa doucement le visage de Déa dans ses mains, plongeant son regard dans ses yeux morts. Elle ne pouvait pas le voir, mais il essayait simplement de lui communiquer sa confiance. « Il n’y a aucune raison qu’il ne t’écoute pas, tu as toujours su comment lui parler. » Contrairement à lui. Les deux hommes avaient plus d’une fois eu l’occasion de se prendre la tête, parce qu’au final… ils avaient le même caractère. Ils étaient bornés tous les deux et bien souvent, ils ne parvenaient pas à se comprendre parce qu’ils ne voulaient pas faire l’effort de changer leurs positions. Mais avec Déa c’était différent. L’un comme l’autre se montrait bien plus ouvert. « Il pense qu’il n’a plus sa place parmi nous. Que nous n’avons plus besoin de lui. Il se trompe et il ne veut pas m’écouter. Mais toi, il le fera forcément. »

Gwynplaine le pensait vraiment. En un sens, c’était peut-être égoïste de sa part, mais oui il misait vraiment sur le fait que Déa avait plus d’influence que lui, que Déa savait plus y faire… qu’on ne pouvait tout simplement rien refuser à la jeune femme. Ou presque.

Gwynplaine aimait entendre Déa lui dire qu’il avait raison, reprendre confiance en ses capacités. Il savait parfaitement qu’elle sera capable de convaincre Ursus. Le jeune homme passait bien trop son temps à se disputer avec son père de cœur, même s’il l’aimait plus fort que tout. Ursus était un père pour lui, bien plus que ce Clancharlie qui était donc officiellement son géniteur et qui lui donnait tout cet héritage. Il était un Girardet, parce qu’il était le fils d’Ursus. Pour autant, il était évident que les deux hommes avaient bien du mal se comprendre la plupart du temps. Alors qu’avec Déa, le jeune homme avait le sentiment que leur père se montrer plus… doux. Parce qu’elle était un ange, au final et que personne ne pouvait s’opposer à la volonté d’un ange. C’était ce qu’il avait envie de croire. En tout cas, il était persuadé que Déa parviendrait à convaincre Ursus. Il aurait peut-être pu y arriver, quand il avait discuté avec lui, s’il s’était montré moins dur par moment. Déa n’était jamais dur, elle était la douceur incarnée. Comment vouloir résister à ce qu’elle dégageait quand elle souriait comme elle le faisait maintenant, tout en déposant ses mains sur celle de Gwynplaine. Un sourire dans lequel l’Homme qui rit ne pouvait que se perdre. Elle était si magnifique. Ce sourire était si magnifique, si pur, bien loin du sien. Mais cette pensée ne l’assombrit pas autant qu’autrefois, parce qu’il pensait à présent à la vie de rêve qu’ils allaient avoir tous les trois (parce que Déa parviendrait à convaincre Ursus, il ne pouvait penser autrement).

Quand Déa lui confie avoir hâte et peur en même temps de cette nouvelle vie, il parvenait à la comprendre. Il ne voulait pas réellement le lui montrer, parce que c’était une décision qu’il avait prise, qu’il devait donc assumer. Mis par moment, le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il avait un peu peur de ce que la vie allait leur réserver.

« Eh bien… » Dit-il dans un premier temps, réfléchissant à cette vie qu’ils allaient avoir tous les trois et comment elle allait être. « Nous allons vivre dans un immense château. » Même s’il était petit, ils le trouveraient forcément immense puisqu’il contrasterait avec la roulotte qui leur servait de maison. « Au moment de manger, nous aurons de grande table remplit de nourriture. » L’enthousiasme que cette vie lui faisait ressentir, s’entendait dans le son de sa voix. « Nous ferons venir des musiciens, qui joueront pour nous. Tu porteras de magnifiques robes. Et nous danserons tous les deux. » Son sourire se fit plus grand à cette remarque, son cœur se mit à battre plus rapidement aussi. « Ursus passera son temps à râler comme d’habitude. C’est trop grand, c’est trop riche. Mais il sera heureux, de nous voir heureux. Et il continuera d’écrire, je suis sûr. »

Une vie idyllique en effet, sur le papier. Qui n’allait évidemment pas être aussi facilement accessible.

Gwynplaine idéalisait sans doute un peu trop le tableau de leur vie future, mais c’était ainsi qu’il avait envie de voir les choses. Leur vie allait être parfaite, parce qu’ils seraient tous les deux, avec Ursus également, et qu’ils n’auraient plus de raison de se soucier de quoi que ce soit. Bien sûr, le fait de jouer sur scène allait sans doute leur manquer, mais Ursus pourra continuer d’écrire dans tous les cas. Mais quand même, ils allaient avoir une vie bien plus belle que celle qu’ils avaient maintenant. Ils n’allaient plus avoir à se soucier de gagner suffisamment d’argent pour avoir de quoi manger, à se soucier d’où ils allaient installer leur roulotte, de se soucier du peu de place qu’ils avaient dans celle-ci. Vraiment, la vie allait être belle. C’était ainsi que Gwynplaine voyait les choses et il aimait voir un sourire d’ange naître sur le visage de sa « sœur » alors qu’elle entendait la manière dont il voyait les choses. Gwynplaine avait envie de se dire qu’elle aimerait autant cette vie que lui. Sans se rendre compte que les choses n’allaient pas être aussi évidente que ça, que tout n’allait pas être aussi beau que ce qu’ils espéraient tous les deux.

En tout cas, Gwynplaine n’avait aucun mal à se projeter dans cette vie. Il n’avait en réalité aucune idée de comment les choses allaient concrètement se passer, mais cela ne l’empêchait pas de rêver. Quand Déa reprit la parole, parlant d’eux, en les qualifiant de « nous », Gwynplaine ne comprit pas tout de suite où elle voulait en venir. Avant de l’entendre affirmer qu’elle ne serait plus sa sœur, qu’elle n’était plus sa sœur. Gwynplaine en acceptant le fait d’être le fils de Clancharlie, renonçait évidemment au fait que Ursus puisse être son père et donc que Déa soit sa sœur. Et donc… Forcément, Gwynplaine ne pouvait pas nier qu’il y avait pensé, justement. Est-ce que ça changeait réellement les choses ? Gwynplaine continuait de croire qu’il ne valait rien à côté de Déa, tant elle était belle et lui était un monstre. Mais en même temps, eh bien, la situation était différente tout de même. Il allait pouvoir offrir une vie de rêve à Déa et il ‘n’avait aucune envie de ne pas la partager avec elle.  

« Cela fait bien longtemps que tu n’es plus ma sœur. » Dit-il doucement alors que sa main venait prendre machinalement celle de Da, pour entrelacer ses doigts avec les siens. Cela faisait longtemps maintenant en effet que le jeune homme ne considérait plus Déa comme seulement sa sœur. Techniquement, elle était sa sœur, ils avaient grandi ensemble, ils se connaissaient depuis toujours. Mais en même temps…  Eh bien, elle était devenue celle qu’il aimait. Celle à qui il avait l’intention d’offrir la meilleure vie possible, parce qu’il tenait à ce qu’elle soit heureuse, qu’elle soit bien, parce qu’elle était juste sa lumière.

Ce n’était pas vraiment une nouveauté, il était évident que Déa et Gwynplaine n’étaient plus des frères et sœurs. Autrefois, quand ils n’étaient encore que des enfants, oui, Gwynplaine avait considéré Déa comme sa sœur, comme il considérait Ursus comme son père. Et puis, ils avaient grandit. Déa était devenue plus belle qu’elle n’était encore quand elle était jeune, quand bien même ils avaient déjà une beauté d’ange depuis toujours (contrairement à lui qui ne ressemblait qu’à un démon depuis qu’on avait taillé son visage). Déa était devenue une femme, Gwynplaine un homme et ainsi, ils avaient simplement arrêté d’être un frère et une sœur. Et ils en avaient conscience tous les deux depuis toujours, ou presque donc. Ils le savaient, ils avaient conscience des sentiments qu’ils partageaient tous les deux. Gwynplaine avait prouvé à Déa qu’il l’aimait, comme elle lui avait dit mainte et mainte fois qu’elle l’aimait. Sans pour autant qu’ils ne parviennent complètement à briser cette barrière. Du moins, sans que Gwynplaine accepte de la briser. Le jeune homme avait conscience que c’était à cause de lui qu’elle se trouvait là, qu’ils auraient pu la franchir ensemble depuis un moment déjà. Mais non... parce qu’il n’avait rien de beau à offrir à la jeune femme, parce qu’il était si horrible à côté d’elle, qu’elle était si belle et lui...

Rien ne changeait le fait que Gwynplaine considérait que si jamais Déa pouvait avoir des yeux, si elle parvenait à voir, elle serait horrifiée par sa laideur comme tout le monde. Mais en même temps, eh bien, Déa ne pourrait jamais voir avec ses yeux et elle se contentait donc de voir avec son cœur. N’était-ce pas une chance pour lui ? Le jeune homme avait envie de le croire oui. Et maintenant, il avait envie de croire qu’il était capable d’offrir la vie que Déa méritait réellement. Celle qu’il allait pouvoir lui offrir avec tout cet héritage. Alors non, ils n’étaient plus frères et sœurs. Et si Gwynplaine avait décidé de ne pas être certain de ce que pensait Déa, il aurait été incapable de ne pas le comprendre maintenant. Alors qu’elle caressait son visage du bout de ses doigts, comme elle le faisait toujours. Il ferma les yeux, pour profiter pleinement du contact des doigts de la jeune femme sur son visage, la seule qu’il autorisait à se montrer si tactile avec ce dernier. Et elle vint déposer ses lèvres sur les siennes, ce qui eue le don à son cœur de manquer un battement. D’autres fois, il se serait contenté de se reculer, précisant encore une fois à sa « sœur » qu’il n’était pas digne. Mais non, là il se contenta simplement de prolonger ce baiser. Et il ne reprit la parole que lorsque leurs lèvres se séparèrent naturellement, sans se forcer.

« Je t’aime tellement. »

Gwynplaine ne pouvait pas s’empêcher de le dire maintenant, il n’y avait rien qui l’empêchait, il n’y avait aucune retenue… plus aucune barrière tout simplement. Pendant si longtemps, le jeune homme s’était refusé de réellement passer cette barrière, mais maintenant il n’avait aucune raison de se retenir. Toutes les raisons qu’il avait autrefois, elles disparaissaient. Bon, sa cicatrice était encore bel et bien présente, mais la situation était différente. Maintenant, les choses étaient sur le point de changer et donc oui, il n’y avait plus les barrières. Gwynplaine pouvait dire à haute voix à Déa qu’il l’aimait, elle pouvait le lui dire à haute voix aussi et c’était extrêmement plaisant. Gwynplaine sentit son cœur battre encore plus vite – alors qu’il battait déjà très rapidement – quand la jeune femme lui affirma qu’elle l’aimait plus que tout. C’était quelque chose qu’ils savaient tous les deux et ça depuis un long moment maintenant. Qu’ils n’étaient pas frère et sœur dans leurs sangs et qu’ils ne l’étaient pas plus dans leurs cœurs non plus. Mais maintenant, ils n’avaient plus besoin de se cacher.

Et Gwynplaine allait réellement pouvoir offrir la vie que méritait Déa. Oh, il savait bien que la jeune femme ne manquerait pas de lui affirmer qu’elle n’avait pas besoin de tout cela, mais lui il y tenait. Gwynplaine ne détournait pas ses yeux du visage de Déa, elle tait si belle, si radieuse. Il avait envie que ça reste ainsi jusqu’à la fin des temps et il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que c’était possible. Que tout allait être possible maintenant, qu’ils allaient simplement être heureux. Bon, ils n’avaient pas forcément de raison d’être malheureux non plus (sauf à cause de ce qu’il faisait, mais bon…), mais maintenant, ils allaient vraiment avoir une vie en dehors de tous soucis. Du moins, c’était ce qu’il pendait, mais la réalité allait forcément rapidement les rattraper. Pour l’heure, ils pouvaient juste se permettre de rêver, ce qu’ils ne manquaient pas de faire. Et Gwynplaine adorait la manière qu’avait Déa de rêver.

« Rien ne nous en empêche. » Dit-il dans un souffle, quand elle lui demanda s’il pensait qu’un jour, elle pourrait être sa femme. À une époque, ça n’aurait été qu’un rêve impossible même de frôler du doigt. Parce qu’ils étaient techniquement frère et sœur, même s’il était connu que Ursus les avait adoptés (et encore, il n’y avait rien de réellement légale). Bref, Gwynplaine se disait en effet qu’il n’y avait rien qui allait les empêcher de se marier si c’était ce qu’ils désiraient. Évidemment, Gwynplaine était loin d’être au courant du fait que non, il ne pouvait pas prendre toutes les décisions. « Si c’est ce que tu veux… »

Qu’elle devienne sa femme, alors… elle deviendrait sa femme. Pourquoi s’en empêcher ? Gwynplaine se retrouvait soudainement remplit d’optimisme. Mais il allait vite tomber de haut également. Comme quoi, il n’aurait pas du changer de façon de voir les choses, malgré le fait que c’était particulièrement plaisant.

Il n’y avait pas si longtemps que cela, Gwynplaine n’aurait vraiment pas pu affirmer ainsi que Déa pourrait très bien devenir sa femme. Il n’aurait même pas pensé que cela puisse être possible. Non pas qu’il n’en aurait pas envie, mais disons qu’ils étaient frère et sœur normalement et que… eh bien, Déa méritait bien mieux que lui. Mais maintenant, la situation était vraiment différente. Gwynplaine avait envie de se dire que rien ne les empêchait de se marier tous les deux si c’était ce qu’ils voulaient. Gwynplaine n’était techniquement plus le fils de Ursus et le frère de Déa, il était le fils de Clancharlie et il n’y avait donc aucune raison qu’il se retienne d’épouser celle qu’il aimait. Et puisqu’il aimait Déa…

Si c’était ce qu’elle avait envie donc, le jeune homme avait envie de se dire qu’il n’y avait rien pour se mettre entre eux. Déa affirma que la seule chose qu’elle avait envie, c’était d’être à lui. L’honnêteté avec laquelle Déa parlait ne pouvait que le toucher énormément. Gwynplaine ne pouvait que se sentir touché par les propos de la jeune femme. Il était en tout cas parfaitement de son avis, il avait envie d’appartenir à Déa pleinement. Il avait envie d’être entièrement à elle, que plus rien ne les empêche d’être ensemble et que plus rien ne se mette entre eux. Ça semblait juste idyllique et ça l’était clairement beaucoup trop, mais pour le moment, Gwynplaine n’avait aucune raison de penser autrement.

« Et c’est ce dont j’ai envie également. » Que Déa soit sa femme, il en avait vraiment envie oui. Il avait envie de pouvoir profiter de cette nouvelle vie avec la jeune femme, avec Ursus. Qu’ils ne se quittent jamais, qu’ils soient constamment ensemble. Que puisqu’il était visiblement destiné à avoir une sacrée fortune, il avait juste envie de partager tout ça avec les deux personnes qui comptait le plus pour lui. Il n’avait plus envie de faire semblant, il n’avait plus envie de cacher les sentiments qu’il avait pour la jeune femme. Il avait envie de crier haut et fort que Déa était la femme de sa vie, qu’il l’aimait et… donc, il avait envie de l’épouser. Ça semblait plutôt normale. « Nous allons être heureux ensemble. »

Il n’avait aucune raison de penser l’inverse en même temps, il n’y avait aucune raison qu’ils ne soient pas heureux tous les deux. Tous les trois, évidemment, parce que Gwynplaine n’envisageait pas une seule seconde que Ursus puisse refuser d’être avec eux. Surtout si Déa lui demandait de rester avec eux, il n’y avait aucune raison qu’il le lui refuse. Qui serait capable de refuser quelque chose à Déa ? Gwynplaine, de son côté, ne parvenait pas à lui refuser quoi que ce soit.

Un sourire sincère décore le visage de Gwynplaine, même si Déa ne pouvait pas le voir, quand la jeune femme affirma qu’elle était déjà heureuse. Le jeune homme aimait entendre cela, il aimait entendre la jeune femme affirmer qu’elle était heureuse. Qu’elle pensait qu’elle allait l’être toujours. Le jeune homme avait envie de croire qu’elle pouvait être heureuse à jamais en effet, il avait envie de croire qu’ils pouvaient être heureux à jamais. Au final, il avait fallu que Gwynplaine découvre qui il était, qu’il possède tout ce qu’il allait posséder à présent, pour envisager de briser la barrière qui s’était installée entre lui et Déa. Mais maintenant qu’elle était brisée, le jeune homme n’avait en aucun cas l’intention de revenir en arrière. Il aimait beaucoup trop Déa pour revenir en arrière, c’était impossible. Il avait envie de partager son existence avec elle et pour la première fois de sa vie, il parvenait à se dire qu’il était à la hauteur de la jeune femme.

Quand Déa lui demanda finalement confirmation sur le fait qu’il n’allait pas changer d’avis, Gwynplaine avait conscience qu’elle avait de bonne raison de poser la question. Parce qu’il n’avait pas manqué de freiner les choses très souvent avec elle, parce qu’il n’avait pas toujours été aussi ouvert. Non pas qu’il n’en avait pas eu envie, mais il n’avait pas pu s’empêcher de toujours mettre une barrière entre eux qu’il n’avait pas eu envie de briser. Jusqu’à maintenant. Maintenant, le jeune homme se sentait vraiment prêt à la briser, sans se rendre compte que les événements n’allaient clairement pas les aider. Mais pour le moment, Gwynplaine ignorait complètement ce qui était en train de se produire, ce qu’on allait lui demander de faire. Sinon, il n’aurait sans doute jamais répondu comme il répondit.

« Je ne changerais pas d’avis, en aucun cas. » Confirma-t-il en caressant doucement la joue de Déa de sa main.

Non, vraiment, Gwynplaine n’avait en aucun cas l’intention de changer d’avis. Il ne pensait pas avoir besoin de le faire en même temps. Parce que maintenant qu’il allait avoir énormément de chose à offrir à Déa, il avait simplement envie de les lui offrir. Maintenant qu’ils pouvaient avoir une vie pleine et heureuse, le jeune homme n’avait pas l’intention d’y renoncer. Et encore moins de renoncer à la possibilité de passer du temps avec Déa, de vivre avec elle, de faire d’elle plus qu’une sœur pour lui, de femme d’elle sa femme.

Gwynplaine se permettait pour la première fois de sa vie finalement de croire un peu dans le destin, dans le futur. Il ne se mettait plus de barrière et c’était vraiment agréable. Au fond, le jeune homme n’était pas toujours complètement certain qu’il soit à la hauteur de Déa, mais en même temps il n’avait plus envie de se poser cette question. Le jeune homme pouvait tout offrir à celle qu’il avait beaucoup trop considéré comme une sœur pendant toutes ces années. Et même si elle ne demandait rien, même si elle demandait juste sa présence… il y avait toujours son sourire hideux. Mais en même temps, Déa ne pouvait pas le voir, pas réellement, elle se contentait juste de le voir avec son âme et c’était ça qui lui permettait sans doute de l’aimer. Autrement que se passerait-il ? Sans doute qu’elle se raviserait. Gwynplaine avait conscience qu’il ne devait pas penser ainsi, et il s’efforçait de le faire. Surtout maintenant, alors qu’ils allaient commencer une nouvelle vie. Sans se douter que les bâtons allaient être nombreux dans leurs roues, malheureusement.

Quand Déa affirma que leur vie d’avant allait leur manquer, Gwynplaine ne répondit pas tout de suite. Il baissa son regard, réfléchissant à ce qu’elle venait de dire. Le jeune homme devait bien reconnaître qu’ils avaient eu énormément de chance tous les deux, que s’ils n’avaient pas croisé la route de Ursus ils seraient sans doute morts, mais surtout que le vieux grincheux leur avait quand même offert une belle vie. Ils ont été heureux… et ils allaient l’être encore. Au fond, ça allait lui manquer un peu aussi, il devait bien le reconnaître.

« L’homme qui rit me manquera aussi… » Monter sur scène, jouer la comédie dans les histoires inventées par Ursus, sans cacher son visage. Il devait cacher son visage autrement, dans la rue, mais sur scène il se montrait tel qu’il était sans se soucier du regard des autres. Parce que ces autres étaient venus dans le but de le voir, ce sourire. Il devait bien reconnaître que ça allait lui manquer donc, même s’ils allaient vivre de nouvelles aventures tous ensemble. Le changement n’allait pas forcément être évident, Gwynplaine n’était pas encore pleinement à l’aise avec ce qui était en train d’arriver, mais c’était pour le mieux de toute façon. « Par contre… les ronflements de Ursus ne vont pas du tout me manquer. » Dit-il alors, agrandissant son sourire toujours présent sur son visage.

Non parce que dormir dans la roulotte, ils l’avaient fait pendant des années et ils ne s’en étaient pas si mal sorti. Mais en même temps, ils avaient passé leur vie à entendre les ronflements de leur père de cœur, ça allait leur faire bizarre de pouvoir profiter d’une nuit complète de sommeil sans entendre ce bruit de fond. Quoi qu’au fond… ça allait peut-être être trop calme.

Gwynplaine afficha un léger sourire – qui ne se remarqua pas réellement sur son visage souriant à longueur de temps –, quand Déa affirma que les ronflements de Ursus allaient lui manquer. Le jeune homme n’était pas spécialement étonné, parce que mine de rien c’était le genre de chose qui étaient quand même devenu des habitudes, qui faisait partie de leur quotidien. Gwynplaine était sincère en affirmant qu’il n’allait pas regretter vraiment les ronflements de Ursus, mais il comprenait que Déa puisse y trouver un manque. Parce que c’était quand même la preuve qu’ils allaient changer radicalement de vie.

Gwynplaine avait envie de croire que c’était tout ce dont ils avaient besoin, le jeune homme se disait qu’il allait enfin parvenir à offrir à Déa la vie qu’elle méritait d’avoir. C’était ce qu’ils devaient faire, même s’ils se lançaient quand même dans une aventure dont il ne savait pas grand-chose. Déa précisa qu’elle était heureuse – et Gwynplaine espérait quand même sincèrement que c’était le cas – mais qu’elle avait quand même peur. Le jeune homme préfèrerait bien sûr qu’elle n’ait pas peur, mais en même temps il ne pouvait pas non plus lui en vouloir. Parce qu’en fait, il se trouvait dans la même situation.

« Moi aussi ça me fait peur. » Avoua-t-il. Le jeune homme avait envie d’être le plus serein possible, d’autant plus si Déa avait peur. Il avait envie de soutenir comme il le fallait la jeune femme, mais en même temps il ne pouvait pas non plus lui cacher le fait qu’il avait peur. « C’est… un peu angoissant en un sens. Je ne sais pas exactement à quoi m’attendre, mais je sais que tout ira bien. »

Parce qu’il n’y avait aucune raison que ça ne se passe pas bien au vu de la situation, parce qu’ils allaient avoir une « belle » vie, parce qu’ils pourront avoir tout ce dont ils voulaient. Gwynplaine allait peut-être parvenir à faire changer la vision des grandes gens concernant les petites gens. Il allait avoir du pouvoir et il ne pouvait pas négliger ce pouvoir. Mais en même temps, ce n’était pas comme s’il savait parfaitement à quoi s’attendre non plus. Il aimerait bien tout connaître – et il y avait certaine chose qu’il devait vraiment connaître –, mais ce n’était pas possible. Il se contentait simplement de croire que tout allait bien se passer, surtout parce qu’ils étaient ensemble et qu’ils n’allaient jamais se quitter.

Gwynplaine pourrait se contenter de dire qu’il ne craignait rien, dans le but de ne pas inquiéter la jeune femme, mais il n’avait aucune envie de lui mentir. Il mentait parfois, ça lui arrivait, il se mentait surtout à lui-même. Il s’était menti à lui-même pendant très longtemps en n’osant pas s’avouer qu’il était fou amoureux de Déa, qu’il avait envie qu’elle soit à ses côtés comme bien plus qu’une sœur. Et surtout qu’il pouvait potentiellement lui apporter quelque chose. Bon, Gwynplaine avait quand même eu besoin de découvrir qui il était, qu’il avait un héritage en attente pour décider de s’ouvrir plus à la jeune femme. Cela dit maintenant c’était fait et il n’avait vraiment pas envie de lui mentir.

Il ne se voyait pas lui dire que tout allait bien, qu’il ne doutait pas une seule seconde. Alors il se montrait honnête, lui affirmant que lui aussi craignait un peu ce qui pouvait bien arriver dans leur futur. Il ne pouvait pas exactement savoir ce que l’avenir leur réservait réellement, mais il avait quand même envie de se dire qu’ils pouvaient parfaitement s’en sortir, parce qu’ils étaient ensemble. Quand Gwynplaine posait son regard sur Déa, il avait juste envie de croire qu’ils pouvaient tout surmonter ensemble. Après, leur rencontre était même le fait qu’ils surmontent une épreuve, Gwynplaine ne pouvait pas s’empêcher de se dire que le destin avait décidé pour eux qu’ils devaient se retrouver, qu’ils devaient se rencontrer. Et qu’il devait la sauver, parce que sa vie ne pourrait pas se détacher d’elle. Même si par moment, réellement, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander s’il était réellement digne d’elle.

Gwynplaine afficha un sourire quand Déa affirma qu’elle lui faisait confiance, ce qu’il ne pouvait qu’apprécier. Surtout qu’elle venait se serrer contre lui, ce qu’il adorait plus que tout. Le jeune homme resserra leur étreinte, pour la serrer un peu plus contre elle. Il aimait son odeur, il aimait la sentir tout contre lui et dans ces moments-là, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’il pouvait soulever des montage, sans se rendre compte qu’il était sans doute déjà en train de pactiser avec le diable. Quand elle lui affirmait que s’il lui promettait que tout irait bien, alors c’était que tout allait bien, Gwynplaine sentait son cœur battre plus rapidement. La confiance que Déa portait en lui était évidemment gratifiante, même si elle était dangereuse en un sens.

« J’ai beaucoup de chance. » Dit-il dans un fin sourire, quand il entendit Déa affirmer que quoi qu’il fasse ou quoi qu’il décide, elle le soutiendrait toujours. C’était agréable à entendre bien sûr, surtout qu’il avait conscience qu’elle ne mentait pas, qu’elle était sincère. C’était ce dont il avait besoin, qu’on lui fasse confiance. C’était la seule chose dont il avait besoin, c’était juste ce qu’il voulait et il se sentait heureux qu’elle lui dise ça. Il ne pouvait pas demander plus. « Qu’est-ce que tu veux tout de suite ? » Demanda-t-il, parce qu’il avait juste envie de tout faire pour elle, de tout lui offrir, de tout lui donner.